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Drame de la rue d'Aubagne à Marseille: une locataire réclame une indemnisation

Le drame de la rue d'Aubagne le 5 novembre.

Le drame de la rue d'Aubagne le 5 novembre. - Christophe Simon - AFP

Une locataire d'un des immeubles qui s'est effondré à Marseille, faisant huit morts, a tout perdu dans la catastrophe. Elle demande une indemnisation provisionnelle.

Une locataire d'un des deux immeubles qui s'est effondré à Marseille le 5 novembre 2018, faisant huit morts, a réclamé devant le tribunal d'instance une indemnisation provisionnelle, après avoir tout perdu dans la catastrophe. Cette étudiante en histoire de l'art, locataire d'un appartement situé au 4e étage, avait quitté les lieux trois jours avant l'effondrement, pour se réfugier chez une amie en raison des nombreux désordres qu'elle constatait et de la crainte que lui inspirait l'immeuble.

Son avocate, Chantal Bourglan, avait assigné en référé sa propriétaire, une retraitée habitant le quartier de Noailles, le syndicat des copropriétaires et le syndic ainsi que leurs assureurs. Il s'agit là du premier procès depuis l'effondrement de l'immeuble alors qu'aucune mise en examen n'a été prononcée dans le volet pénal. La jeune étudiante réclame 10.000 euros de provisions ainsi que le paiement des trois premiers mois de loyer de son nouvel appartement.

"Sinon", a plaidé Me Bourglan, "il faudra qu'elle attende la fin du procès pénal pour être indemnisée, dans cinq à six ans au mieux alors qu'elle a tout perdu : son amie qui habitait en dessous de chez elle, son chat, ses affaires. On lui dit qu'il faut attendre mais elle n'est responsable de rien, elle est victime".

"Mal entretenu"

Détaillant les nombreuses expertises civiles et l'unique expertise pénale extraite du dossier d'instruction ouvert après les faits, l'avocate a mis en avant des négligences partagées des copropriétaires et du syndic : "L'immeuble s'est effondré car il était mal entretenu et ce n'était pas imprévisible", a-t-elle assuré au tribunal, soulignant qu'un expert avait, à deux reprises, adressé un signalement à la ville de Marseille pour l'alerter que l'immeuble présentait un danger et nécessitait une intervention.

"C'est aussi un drame humain pour les propriétaires", a rétorqué Sophie Pastor, avocate de la propriétaire, estimant pour sa part qu'"aucun élément matériel ne permettait de retenir une faute de défaut d'entretien". Le syndicat des copropriétaires tout comme le syndic ont mis en avant l'intervention, le 18 octobre 2018, d'un expert judiciaire qui avait conclu à un péril grave et imminent mais uniquement sur un appartement du premier étage.

"Le jour même, les pompiers ont autorisé la réintégration des locataires et les travaux préconisés ont été réalisés immédiatement", a expliqué Me Olivier Blanc, défenseur des copropriétaires qui "n'ont fait l'objet d'aucunes poursuites au pénal, ni même d'aucune audition". "En l'absence d'une origine déterminée du sinistre", Me Patrick Moureu, représentant l'assureur du syndic, a lui aussi invité le tribunal à débouter la jeune étudiante de toutes ses demandes "alors que l'on n'a pour l'heure aucune évidence sur ce sinistre abominable". La décision sera rendue le 31 octobre.

Avec AFP

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