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Pourquoi l'un des plus grands squats de Marseille a été évacué en pleine trêve hivernale

Cité du petit séminaire à Marseille

Cité du petit séminaire à Marseille - Google Maps

Le "Petit séminaire" est un ensemble immobilier de 240 logements construit en 1959. Il a abrité jusqu'à 200 migrants avant son évacuation lundi.

Un des plus grands squats de Marseille, installé dans une cité délabrée sous le coup d'un arrêté de péril et qui a abrité jusqu'à 200 migrants environ, a été évacué lundi 30 novembre dans le nord de la ville, a-t-on appris auprès de Médecins du Monde. Lundi matin, il ne restait plus qu'une soixantaine de personnes sur place (64 selon la préfecture), a témoigné auprès de l'AFP Jean-Régis Rooijackers, de Médecins du Monde (MDM), présent sur les lieux, qui a déploré la disproportion des moyens déployés pour cette opération.

Jusqu'à environ 200 personnes, principalement de jeunes immigrés d'Afrique de l'Ouest, notamment du Nigeria, ont trouvé refuge au "Petit séminaire", un ensemble immobilier de 240 logements construit en 1959. La plupart des appartements occupés, très dégradés, avaient été vidés de leurs locataires en attendant leur démolition et seule une trentaine de locataires officiels y résident encore. Selon la préfecture, qui a confirmé cette opération dans un communiqué lundi soir, "cette occupation a progressivement entrainé des risques importants pour la sécurité des personnes (notamment en raison de branchements électriques sauvages, particulièrement sollicités en cette période hivernale)".

Des incendies en série

Dimanche soir, l'évacuation anticipée de 26 personnes, dont quatre femmes et quatre enfants, avait dû être organisée après le déclenchement d'un incendie de détritus, le quatrième en une semaine, selon Médecins du Monde et les marins-pompiers. Dans la nuit du 24 novembre, un premier incendie avait déclenché l'évacuation d'un premier groupe de 24 migrants qui ont été relogés dans des hôtels de la ville. Selon Médecins du Monde, le reste des occupants de la cité sont partis d'eux-mêmes rejoindre d'autres squats et lieux de logements précaires. En tout, en une semaine, 119 personnes ont été mises à l'abri par les services de l'Etat selon la préfecture.

"Cela ne fait que décaler le problème en renforçant l'emprise des marchands de sommeil sur cette population", a regretté Jean-Régis Rooijackers, appelant à "un moratoire sur les évacuations" et à la recherche de solutions pérennes de relogements. Parmi les personnes évacuées figurent une majorité de jeunes hommes mais aussi des femmes et des enfants, des demandeurs d'asile, des "dublinés" ou des sans-papiers. Ils ont été relogés dans des chambres d'hôtels avec le concours du Samu social, a indiqué la mairie, qui avait équipé quatre gymnases en prévision de l'évacuation. "Mais si les femmes et les enfants seront tranquilles durant la trêve hivernale, seuls 10 jours d'hôtels sont prévus à ce jour pour les hommes. Après on ne sait pas", s'est inquiété Médecin du Monde.

Une exception à la trêve hivernale

La trêve hivernale empêche en principe toute expulsion du 1er novembre au 31 mars de chaque année. Mais il existe des exceptions, notamment si l'immeuble est reconnu comme dangereux via un arrêté de péril.

Dans le cas qui nous intéresse ici, un arrêté de péril visant à mettre à l'abri les résidents du "Petit séminaire" avait été pris le 16 novembre par la ville de Marseille qui avait auparavant mis en demeure le bailleur "Habitat Marseille Provence" et interpellé publiquement la présidente LR de la Métropole, Martine Vassal, sur "l'état inquiétant" des immeubles et "les conditions de vie indignes" des habitants. La ville a commémoré début novembre l'anniversaire des deux ans de l'effondrement de deux immeubles vétustes du centre-ville, rue d'Aubagne, qui avait fait huit morts, mettant en lumière la dangerosité des logements insalubres à Marseille.

Avec AFP

D. L.