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L'UNPI veut construire moins cher pour loger plus

L'UNPI entend réduire le coût de construction de près de moitié

L'UNPI entend réduire le coût de construction de près de moitié - dr

Pour résoudre la crise du logement, les représentants des bailleurs privés recommandent de favoriser la construction de logements à bas prix, en renonçant au « superflu » et en recourant à la fabrication en série de certains éléments.

Décidément, Jean Perrin ne chôme pas. Neuf mois après la présentation de ses « 60 propositions pour un ministre du Logement », en décembre 2011, le président de l’Union nationale de la propriété immobilière (UNPI) a proposé jeudi matin d’aborder la question du logement sous un « nouvel éclairage » : celui de « l’habitat essentiel ».

Partant du constat que « les plans d’urgence en faveur du logement se succèdent » sans que « les crises [soient] jamais réglées », et convaincu dès à présent que « l’alternance politique ne contribue en rien à l’efficacité des solutions proposées », le dirigeant estime qu’il est impératif de « revenir à la fonction première d’un logement », en renonçant à tout ce qui est superflu.

Buanderies communes, ascenseurs sous condition…

L’idée, brillante de simplicité, est de permettre ainsi « à tous de se loger », en construisant des logements « à des prix nettement inférieurs à ceux pratiqués actuellement », explique Jean Perrin. Plus facile à dire qu’à faire ? L’UNPI assure qu’il est possible, en renonçant à « tout ce qui est superflu » et en développant le recours à la fabrication en série de certains éléments, « comme les modules de salle de bain ou de cuisine », de ramener le coût de construction d’un logement à moins de 900 euros du mètre carré hors foncier viabilisé, contre « 1 400 à 1 700 euros » actuellement.

« On construit pour tout le monde de la même manière, explique Jean- Perrin. Un jeune couple qui entame son parcours résidentiel n’a pourtant pas les mêmes besoins qu’un retraité ! ». Exit, par exemple, les prises de téléphone fixe – « tout le monde a un portable ! ». Parmi les pistes évoquées pour réduire les coûts de construction, l’UNPI préconise le développement de « locaux communs dans les immeubles, des buanderies ou salles de réception, comme on en voit beaucoup en Allemagne ou en Suisse, par exemple ». Les ascenseurs, qui « tirent les coûts de construction et les charges », pourraient être supprimés dans les immeubles de moins de trois étages - quitte à condamner les personnes handicapées à n’occuper que les appartements situés en rez-de-chaussée…

5 à 10 % des constructions neuves

Refusant pourtant l’étiquette de « logement low-cost » que la presse n’a pas tardé à accoler à son projet, le dirigeant insiste sur le fait qu’« il n’est évidemment pas question de ne construire qu’un seul et même type de logement partout. Ni pour tout le monde ! ». Les immeubles « essentiels » devraient selon lui représenter « 5-6 % des constructions neuves, au maximum 10 %, selon les besoins locaux ». Habitat transitoire, ils seraient destinés en priorité aux « personnes actuellement dépourvues de logement ou qui ont des contraintes d’habiter chez un tiers ou dans un logement inadapté à leurs besoin ». L’acheteur type étant le primo-accédant, qui revend en moyenne son premier logement au bout de 7 à 8 ans. Certes, mais à quel prix ? Ce type de logements n’est-il pas condamné à perdre de la valeur ? « Ce n’est pas parce qu’on construit moins cher qu’on construit mal, reprend Jacques Perrin. Par ailleurs, le recours à des éléments modulaires, par exemple pour une salle de bain, permettrait de les remplacer à l’envi à peu de frais et s’adapter à leurs futurs occupants », ajoute-t-il.

Une idée qui fait son chemin

L’UNPI a adressé son projet à Cécile Duflot. Si la ministre du Logement n’a pas encore accusé réception, Jean Perrin, qui se tient « à sa disposition pour en discuter », est persuadé que son idée à de l’avenir. « Ce projet d’habitat essentiel figurait parmi nos 60 propositions pour le logement, explique-t-il. Or l’USH [Union sociale pour l’habitat, ndlr] a organisé récemment une réunion avec la FPI Fédération des promoteurs immobiliers], la FFB [Fédération française du bâtiment] et la Capeb [Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment] sur le thème de « construire moins cher ». C’est intéressant de voir que ce qui paraissait impossible à tout le monde il y a six mois semble désormais envisageable pour quelques-uns ». A suivre, donc…

Emmanuel Salbayre