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Il faut compter presque 3 ans en moyenne pour obtenir un HLM en Ile-de-France

La rotation du parc social est particulièrement faible à Paris

La rotation du parc social est particulièrement faible à Paris - AFP

Les délais d'attente entre la demande d'attribution et la signature du bail ne cessent de s'allonger dans le parc locatif social.

Dénicher un logement social en région parisienne est un véritable casse-tête. Les demandes de HLM explosent mais le parc ne suit pas et la rotation des bénéficiaires est faible. Résultat, les délais pour obtenir un appartement à loyer modéré ne cessent de s'allonger. En moyenne, il faut désormais compter 33 mois (soit 2,75 ans) en Ile-de-France entre la demande et la signature du bail, selon une récente étude de la Direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement d’Île-de-France (la Drihl), repérée par Le Figaro. En 2018, c'était 31 mois.

En matière de délai médian (50% des demandes ont une ancienneté inférieure à ce seuil, 50% ont une ancienneté supérieure), on atteint 22,7 mois (1,9 an) pour les ménages ayant signé un bail en 2019. Ce délai médian était de 22 mois en 2018 et de 19 mois en 2017.

100.000 demandes de plus qu'en 2015

Dans le détail, 31,7% des demandes ont été satisfaites en moins d'un an, 20,1% avaient été faites il y a entre un et deux ans et 14,4% entre deux et trois ans. On notera que 2,6% des demandes pour les baux signés en 2019 avaient plus de 10 ans d'ancienneté en Ile-de-France.

Au total, "74.529 demandeurs ont pu bénéficier d’une attribution de logement social en 2019" dans la région, souligne la Drihl. Mais c'est très loin de correspondre à la demande, qui ne cesse de gonfler au fil des ans. "Au 31 décembre 2019, la région Île-de-France comptait 736.128 demandeurs de logement social, ce qui représente une augmentation de 2,1 % par rapport au 31 décembre 2018". C'est aussi 100.000 de plus qu'en 2015, soit une progression de 15,7% sur la période. A titre de comparaison, l'Ile-de-France abrite 1,3 million de logements sociaux (soit un quart du parc national), selon les données de l'Union sociale pour l'habitat.

Et la construction de logements sociaux ne parvient pas à suivre. En 2019, près de 28.600 logements sociaux ont été agréés. Mais cela ne correspond qu'à près de 22.000 logements neufs construits. Pour le reste, il s'agit d'acquisition-amélioration, autrement dit l'achat d'appartements anciens du parc privé qui sont transformés en logements sociaux. Une procédure essentiellement utilisée par la ville de Paris.

Un déficit de petites surfaces

Un autre chiffre permet de mieux comprendre ce fossé entre l'offre et la demande. En 2019, la Drihl dénombre 9,9 demandes de logements sociaux pour une attribution, contre un ratio de 9,6 en 2018 et de 9,1 en 2017. Le déséquilibre est beaucoup plus prononcé pour les petites surfaces. On compte ainsi 20 demandes pour une attribution pour les T1 (les appartements avec une pièce principale et cuisine et salle de bain séparées) et 12,9 demandes pour une attribution pour les T2 (les deux-pièces). Le parc HLM était en effet historiquement orienté vers des 3 ou 4-pièces. Les autorités tentent de combler ce déficit de petites surfaces en orientant la production en ce sens.

Mais il existe un autre problème: tout le monde cherche à obtenir un logement au même endroit ou presque. "Paris et la petite couronne concentrent 69% des demandes", indique ainsi la Drihl. Et lorsque les locataires sont en place, ils bougent peu. Le taux de rotation dans le parc locatif social était de seulement 6,4% dans la région en 2017 (et de 4,8% à Paris), selon l'édition 2019 de l'Observatoire du logement social en Ile-de-France. A l'échelle nationale, ce taux de rotation, lui aussi en baisse constante, était de 9,4% en 2017, selon un avis du conseil social de l'Union sociale pour l'habitat publié en août.

Jean Louis Dell'Oro