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Les projets de passerelles commerciales à Paris ont du plomb dans l'aile

Paris compte déjà 37 passerelles ou ponts

Paris compte déjà 37 passerelles ou ponts - AFP

La mairie souhaitait financer trois nouveaux ponts à Paris par des fonds privés. Mais un avis du Conseil d'Etat remet largement en cause ce projet.

La mairie de Paris va devoir revoir sa copie ou abandonner son projet. Dans un avis daté du 22 janvier et dévoilé par Le Monde le 16 février, le Conseil d'Etat a retoqué le projet de financer par des fonds privés trois passerelles au-dessus de la Seine. "La procédure lancée n’est pas (…) susceptible d’être poursuivie de manière régulière et la conclusion d’un contrat (…) serait par suite nécessairement entachée d’irrégularité", expliquent les magistrats.

Dans le cadre de la consultation internationale d'urbanisme "Reinventing Cities", lancée en 2017 par le réseau C40 qui regroupe plus de 90 grandes métropoles mondiales, la ville de Paris avait lancé un concours pour imaginer des passerelles au-dessus de la Seine. "Paris compte aujourd'hui 37 ponts et passerelles, témoignages des innovations techniques et architecturales des époques qui les ont vus naître. En proposant trois nouveaux sites de part et d’autre de la Seine, la Ville de Paris souhaite prendre date dans cette histoire, offrant aux équipes pluridisciplinaires l’opportunité de se mobiliser pour créer de nouveaux types de franchissement au-dessus de la Seine", détaille le site de l'appel à projet.

La mairie voulait donc faire construire trois passerelles : "entre le 4e et 5e arrondissements, au niveau de l’ensemble Morland et du jardin Tino Rossi ; entre le 12e et 13e arrondissements, au niveau du futur quartier Bercy-Charenton ; et entre le 15e et 16e arrondissements, au niveau du Parc André Citroën". Ces ponts auraient été construits dans le cadre de partenariats avec le privé. L'idée étant de les financer par des promoteurs et des investisseurs privés qui en échange auraient eu le droit de les exploiter. Car il était prévu que les passerelles accueillent des restaurants, des activités de loisirs et autres commerces.

"La Seine n'est pas à vendre"

Comment expliquer un tel rejet du Conseil d'Etat ? Tout ce qui concerne la Seine, et en particulier les ponts et autres passerelles, nécessite obligatoirement de respecter la réglementation en matière d'appel d'offre dans le cadre d'une commande publique. Or, c'est précisément ce dont ne voulait pas la municipalité car cela impliquerait d'avancer des fonds.

Si la maire de la capitale Anne Hidalgo parvient à contourner cet obstacle juridique, elle devra aussi convaincre les opposants au projet. Dans une tribune publiée par Libération début février et intitulée "La Seine n'est pas à vendre", un collectif d'architectes et d'experts fustigeaient cette initiative. "Il n’existe pas de modèle économique pour ce type de projet, et Londres vient d’y renoncer", soulignaient-ils notamment.

Jean Louis Dell'Oro