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L’immobilier francilien au bout du tunnel ?

L'immobilier parisien s'éveille

L'immobilier parisien s'éveille - dr

Forte croissance du nombre de ventes, stabilisation des prix : selon les Notaires, le marché immobilier francilien est « entré dans une voie de normalisation ». Attention, l’amélioration, qui doit beaucoup au plan de relance, reste fragile. Qui plus est, la pénurie de logements disponibles, notamment dans le neuf, ravive le spectre d’un « retour à la spéculation ».

L’embellie se confirme. Tous types de logements confondus, la Chambre des Notaires de Paris Île-de-France a enregistré une progression de 44 % du nombre de transactions immobilières au quatrième trimestre 2009, par rapport à la même période de 2008. Soit un taux de croissance historiquement élevé, qui tranche avec la hausse de 4 % du troisième trimestre, et ferait presque oublier les baisses à deux chiffres des deux premiers trimestres de l’année (respectivement -42 et -24 %). « Il existe un effet de rattrapage », commentent les Notaires. Ainsi, les transactions qui n’avaient pas été menées à bien au premier semestre mais qui « correspondaient à une vraie nécessité, ont été réalisées dès le retour à la normale des marchés financiers », expliquent-ils. Avec une mention spéciale pour l’immobilier neuf, soutenu par le succès des mesures mises en place dans le cadre du plan de relance de l’économie (doublement du PTZ, dispositif Scellier, notamment). Les ventes de logements neufs, qui avaient déjà progressé de 40 % sur un an au quatrième trimestre, ressortent ainsi en hausse de 74 % sur les trois derniers mois de l’année.

Un dynamisme spectaculaire donc, mais qui ne sauve entièrement pas le cru 2009 : sur l’année, les Notaires ont comptabilisé 145 310 transactions, soit 8 % de moins qu’en 2008, et 23 % de moins qu’en 2007. Le neuf limite la casse, avec un total de 22 170 biens vendus, soit 9 % de plus qu’en 2008, et seulement 4 % de moins qu’en 2007.

Pénurie de logements

Coté prix, l’heure est à la stabilisation. Après une baisse de près de 10 % entre l’automne 2008 et l’été 2009, l’indice Notaires-Insee a progressé de 0,3 % au quatrième trimestre, comme au troisième. En rythme annuel, la baisse entre la fin 2008 et la fin 2009 n’est plus que de 5,6 %. L’écart entre les appartements et les maisons reste notable mais se réduit, avec des baisses respectives de 4,5 et 7,5 % au 31 décembre, contre -7,5 et -9,5 % trois mois plus tôt.

« Le mouvement de baisse des prix, qui était inévitable après la forte progression enregistrée entre 1998 et 2008, s’est interrompu dès le retour des acquéreurs, ce qui témoigne de la pénurie des produits par rapport à la demande de logements », explique la Chambre. Une pénurie observée dans l’ancien - un grand nombre de propriétaires attendant un rebond plus franc du marché avant de mettre leurs biens en vente – comme dans le neuf, les promoteurs ayant réduit la voilure dès les premiers signes de la crise. Selon les chiffres présentés en début de semaine par le ministère de l’Ecologie, l’encours de logements neufs à la vente en Île-de-France n’était que de 8792 logements au quatrième trimestre, contre un peu plus de 9 300 au troisième trimestre (-6 %), et environ 12 300 au premier trimestre (-29 %). « Plus que jamais, la reprise de la construction de logements neufs dans le secteur privé est la condition indispensable d’un assainissement à long terme du marché, reprennent les Notaires. Les pouvoirs publics doivent se mettre en situation de faire respecter les objectifs qu’ils se fixent en termes de construction de logements ». Pour 2010, la Chambre prévoit une poursuite du redressement du nombre de vente et une stabilité des prix.

Au-delà, en l'absence de réelle amélioration de l'environnement, elle n'exclut pas « le retour de la spéculation » - bête noire des professionnels de l’immobilier parisien depuis la crise des années 1990, qu’elle avait engendrée.

Emmanuel Salbayre