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Prix immobilier

Avec le Brexit, l'arrivée de Français de l'étranger et d'Européens s'accélère à Paris

La classe moyenne a dû mal à se loger à Paris.

La classe moyenne a dû mal à se loger à Paris. - Lionel Bonaventure - AFP

Le marché de l'immobilier de luxe est en effervescence dans la capitale. Les acheteurs étrangers et les expatriés français qui reviennent à Paris sont de plus en plus nombreux.

Le marché de l'immobilier de luxe à Paris se porte bien. Barnes, spécialiste de l'immobilier résidentiel haut-de-gamme, constate que depuis 2015, le marché s'est repris. Mais ce sont surtout deux évènements qui ont donné un véritable élan au marché. Le vote du Brexit en juin 2016 et l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République en mai 2017. Les deux évènements ont été "des signaux forts et les banquiers européens estiment maintenant que Paris peut tout à fait concurrence Zurich et Genève", affirme Barnes.

Et l'année 2018 n'est pas en reste. Après une stabilisation des transactions en mai-juin, les opérations se sont à nouveaux multipliées depuis septembre. Barnes constate une hausse de 25% de ses transactions depuis le début de l'année, notamment auprès des "exilés" du Brexit. Depuis 6 mois, 5% à 10% des ventes réalisées par le réseau dans le Marais (3ème et 4ème), le 6ème, le 7ème, le 9ème et le 18ème arrondissements sont faites auprès de Français ou d'Européens qui viennent de Londres. Dans les quartiers familiaux comme le 8ème, le 16ème ou le 17ème, et Neuilly, ce taux atteint même 8 à 12%. "Cette clientèle internationale et de Français de l'étranger arrive avec des références de prix différentes des nôtres", constate Thibault de Saint-Vincent, le président de Barnes France.

25.000 euros du mètre carré

Le prix moyen du marché haut de gamme à Paris est de 11.100 euros du mètre carré (contre autour de 9.300 euros en moyenne sur l'ensemble du marché parisien selon les notaires). Une moyenne allègrement franchie pour les appartements proposant des prestations exceptionnelles. La barre des 20.000 euros du mètre carré a ainsi été récemment dépassée dans le 18ème à Montmartre et celle des 25.000 euros du mètre carré dans le Marais.

Si certains propriétaires sont évidemment ravis de vendre leur logement 25.000 euros du mètre carré, il y a tout de même de quoi s'inquiéter. "Cela m'évoque Londres qui était devenue à 60% une ville habitée par des non-Britanniques, toute la classe moyenne ayant été refoulée en 1ère, 2ème et 3ème périphérie. À Paris aussi, le grand perdant est la classe moyenne qui ne peut plus se loger dans sa propre ville", affirme Thibault Saint-Vincent.

Des immeubles peu entretenus

La hausse des prix va-t-elle se poursuivre, chassant encore un peu plus les Parisiens de la classe moyenne? Barnes affirme que les prix ont peu de raisons de monter sur le marché des biens à défauts comme les appartements sombres ou mal configurés. En revanche, ils peuvent encore légèrement progresser dans les secteurs prisés par la riche clientèle internationale et "rejaillir sur toutes les rues avoisinantes".

Seul "garde-fou" : les vieux appartements haussmanniens. Richard Tzipine, directeur général de Barnes, précise en effet que "Paris manque de résidences avec services qui plaisent tant aux étrangers". La clientèle internationale privilégie en effet de plus en plus les résidences avec club de sport ou conciergerie et surtout avec une sécurité importante. Or, alors que les immeubles de la rive gauche sont très prisés par cette clientèle, peu de résidences de ce type existent. Ces immeubles sont d'ailleurs souvent vus comme "insuffisamment entretenus" aux yeux de ces acheteurs exigeants.

Diane Lacaze