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Logement social : Pourquoi il faut relativiser les bons résultats

Le logement social en France : "Bien, mais peut mieux faire"...

Le logement social en France : "Bien, mais peut mieux faire"... - dr

Le gouvernement a annoncé jeudi des chiffres record dans la production de logements sociaux en 2010 : 131 509 ont été financés l’année dernière, alors que « la moyenne des financements était entre 1978 et 2003 de 50 000 logements sociaux par an », selon le secrétaire d’Etat au Logement. Mais ces chiffres sont à tempérer, pour plusieurs raisons.

En premier lieu, ces chiffres mentionnent le nombre de logements financés, mas pas mis en service. Et entre le déblocage des fonds pour un logement social et sa sortie de terre, « il y a un décalage de quatre ou cinq ans », a concédé le ministre jeudi, lors d’une conférence de presse. Le chiffre redescend, pour 2009, à 71 000 logements sociaux mis en service. Donc, les résultats observés en 2010 ne porteront leurs fruits qu’en 2014, voire 2015, avec pour objectif que l’on « approche des 100 000 logements sociaux mis en service dans les années à venir », selon M. Apparu.

Répartition à améliorer

Ensuite, la répartition de ces logements n’est pas optimale. Leur mise en servie n’est pas encore strictement alignées en fonction des zones qui ont les plus besoin de logements sociaux (zones tendues, comme l’Île-de-France ou la région PACA) et celles qui en ont moins besoin. Même si des efforts sont faits en ce sens : en 2010, la zone A, la plus tendue, a vu 33 % de la production recentrée sur elle, alors que ce taux n’était que de 25 % en 2009, selon le gouvernement. A l’inverse, la zone C aura concentré 19 % de l’effort de l’Etat en 2010, contre 25 % en 2009. Des efforts qui masquent une réalité évoquée par le ministre : « On sait traiter le DALO [droit au logement opposable, NDLR] en zones B et C, mais il y a un retard considérable en Île-de-France ».

Des logements pas très sociaux ?

Enfin, les données prennent en considération trois types de logements locatifs sociaux : les PLAI (prêts locatifs aidé d’intégration), les PLUS (prêts locatifs à usage social) et les PLS (prêts locatifs sociaux). Or, ces derniers, qui représentent près de 46 000 logements sociaux financés sur les 131 500, ne s’adressent qu’à une catégorie plus aisée de la population. En effet, le plafond de ressources annuel par personne pour ce dernier prêt est de 28 746 euros à Paris, alors que le plafond de ressources annuel PLUS est de 22 113 euros. Selon Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, « appeler social un type de logement auquel la moitié des Français ne peut pas accéder, c’est un peu tiré par les cheveux », a-t-il fait part au JDD.

Léo Monégier