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Peu de locataires peuvent devenir propriétaires dans leur quartier en Ile-de-France

Paris, un territoire inaccessible?

Paris, un territoire inaccessible? - Pexels - Pixabay

Pour beaucoup de locataires en Ile-de-France, acheter un logement signifie s'éloigner de son quartier ou faire le choix d'un logement plus petit, souligne une nouvelle étude de l'Insee.

Devenir propriétaire en Ile-de-France demande d'importantes concessions pour les locataires. Une étude Insee publiée cette semaine montre tout d'abord que Paris et l'ouest parisien sont inaccessibles aux ménages locataires d'Ile-de-France qui disposent du revenu médian. Le revenu disponible médian, après impôts et redistribution, sépare la population des ménages en deux: la moitié a un revenu supérieur et la moitié a un revenu inférieur. En 2015, en Ile-de-France, une personne seule locataire de moins de 46 ans a un revenu disponible médian de 1.665 euros par mois. "Les marchés les plus tendus de type "parisien" (Paris, Neuilly-sur-Seine, Boulogne-Billancourt, Levallois-Perret, Vincennes…), ainsi que ceux des franges périurbaines aisées (ouest des Yvelines ou alentours de Fontainebleau) où se trouvent de grandes maisons à prix élevé, sont inaccessibles à l’acquisition pour les ménages aux revenus médians, quelle que soit leur composition", constate l'Insee.

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Ainsi, moins de 20% des couples locataires avec un enfant peuvent acheter, pour la première fois, un appartement parisien conforme à leurs besoins minimums, évalués par l'Insee à 63 m². Pour les personnes seules et les couples avec deux enfants, ce chiffre tombe encore plus bas puisque moins d’un ménage sur dix aurait les revenus nécessaires pour acheter un premier logement avec une taille adaptée. Et enfin, un couple sans enfant doit avoir un revenu mensuel minimum de 3.410 euros pour acheter un logement de 42 mètres carrés à Paris, soit 90 euros de plus que le niveau de vie médian des locataires de cette catégorie, de 45 ans ou moins.

Des locataires contraints de s'éloigner de la capitale pour acheter

Dans les autres territoires les plus valorisés de l’agglomération parisienne, seuls les couples sans enfant peuvent acheter un logement. "Avec un pouvoir d’achat immobilier de l’ordre de 242.000 euros, ces ménages aux revenus médians peuvent, par exemple, acquérir un appartement de 42 m² à Nogent-sur-Marne, La Garenne-Colombes ou encore une petite maison de deux pièces au Blanc-Mesnil, pour des prix variant de 200.000 euros à 220.000 euros", précise l'Insee. Un couple avec deux enfants aurait, en revanche, besoin d'une surface plus grande, à savoir le double. "Pour ces ménages, l’accès à la propriété est possible dans des communes telles que Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise) pour l’achat d’un appartement de 82 m² (prix médian : 226.000 euros), ou à Magnanville (Yvelines) pour une maison de quatre pièces (prix médian : 222.000 euros)", peut-on lire dans l'étude.

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Le deuxième enseignement intéressant de cette étude est que les ménages "médians" doivent s'éloigner de leur quartier pour devenir propriétaire. L'Insee constate que les revenus des ménages locataires varient évidemment selon les quartiers: "Un couple avec deux enfants et dont la personne de référence a 45 ans ou moins dispose d’un revenu disponible médian de 1.750 € par mois dans un quartier d’Aubervilliers, contre 8.220 € dans un quartier du 6e arrondissement de Paris". Mais même en ayant des revenus plus élevés, les ménages locataires doivent s'éloigner pour un premier achat.

La plupart des locataires vivant à Paris ou dans des quartiers similaires n’ont pas la possibilité d’acheter dans leur quartier, quel que soit le type de ménage. "Par exemple, dans le 13ᵉ arrondissement de Paris, moins de 50% des couples sans enfant peuvent acheter un appartement d’une taille adéquate. Pour les autres types de ménage, cette proportion est encore plus faible : moins de 20% pour les couples avec un enfant, et moins de 10 % pour les couples avec deux enfants ou les personnes seules".

Contraints de vivre dans des logements trop petits

Hors Paris, les couples sans enfant aux revenus médians peuvent acheter dans leur quartier de résidence, mais pas la majorité des personnes seules et des familles. "Par exemple, à Maisons-Alfort, plus de 70% des couples sans enfant peuvent acheter sur place, mais moins de 50% des couples avec un enfant, moins de 30% des personnes seules et moins de 20% des couples avec deux enfants", déplore l'Insee.

Les ménages qui ne veulent pas s'éloigner doivent donc choisir d'acheter dans un logement plus petit. "Cela expliquerait en partie la part importante, à Paris et en petite couronne, des ménages vivant dans un logement suroccupé : en 2016, 28% de la population de la métropole du Grand Paris est en situation de suroccupation, contre 22% des Franciliens et 9% des Français de métropole", précise l'Insee.

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Diane Lacaze