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Village olympique: la vente des terrains va débuter en Ile-de-France

Terrains à vendre pour construire un village olympique

Terrains à vendre pour construire un village olympique - Ludovic Marin - AFP

L'opération pour la vente des terrains du village olympique sera lancée mardi au Mipim, le marché international des professionnels de l'immobilier.

C'est un projet immobilier à double détente, d'abord résidence des athlètes aux JO de Paris-2024, puis nouveau quartier au nord de la capitale: l'opération pour la vente des terrains du village olympique, préalable à sa construction, sera lancée mardi 12 mars au Mipim, le marché international des professionnels de l'immobilier. Aujourd'hui, c'est un site d'activités encore marqué par sa vocation industrielle, peu animé malgré l'implantation de la Cité du cinéma -- un "bunker" disent des habitants --, la présence d'écoles et d'entreprises.

Au nord, passent l'A86 et des lignes à très haute tension, à l'ouest la Seine, et tout près s'élève le squelette de la tour Pleyel, qui deviendra un hôtel, à quelques pas de la future gare du Grand Paris Express, carrefour prévu de quatre lignes de métro et du RER. C'est sur cette partie de la Seine-Saint-Denis en pleine mutation, 51 hectares à cheval sur trois communes (Saint-Ouen, Saint-Denis et l'Ile-Saint-Denis), que se dresseront, à l'été 2024, des dizaines de bâtiments pour accueillir 15.600 sportifs et leurs accompagnateurs. Après les Jeux olympiques et paralympiques, ces édifices seront reconfigurés, aux frais du comité d'organisation des JO (Cojo), pour faire place à un nouveau quartier aux portes de Paris.

25 à 40% de logements sociaux

En 2025, sont attendus 2.200 logements familiaux -- dont 25 à 40% de logements sociaux selon les communes, 900 logements spécifiques (étudiants, personnes âgées...), 300 chambres d'hôtels, 135.000 m2 pour du tertiaire (bureaux, commerces et services), des écoles, équipements sportifs et espaces verts. Le tout dans des immeubles qui vont de trois à neuf étages, avec un point culminant à 14 niveaux. "6.000 habitants, 6.000 emplois, c'est une petite ville (...) Nous allons recréer un tissu urbain", résume à l'AFP Benoît Piguet, le directeur institutionnel de la Solideo, la société publique chargée de superviser tous les chantiers des JO et d'aménager le village des athlètes.

Toits végétalisés, matériaux en bois ou béton bas carbone, circulations piétonnes et cyclables, la Solideo affiche aussi de hautes ambitions environnementales. Mais le projet suscite la méfiance et l'opposition de certains collectifs d'habitants, réunis dimanche à la bourse du travail de Saint-Denis par le "comité de vigilance JO-2024". Parmi les principales inquiétudes, le risque de spéculation et de montée des prix, la hausse du trafic automobile sur certaines voies ou une trop forte densité immobilière. "Nous voulons éviter une inflation de l'immobilier", assure à l'AFP Patrick Braouezec, le président de l'agglomération Plaine Commune, où se trouve le village.

La colère monte aussi du côté de l'école publique d'ingénieurs Supméca, comme le rapporte France Info. Une allée va venir couper le campus en deux et le restaurant universitaire de l'école, situé sur un terrain exproprié, va être détruit. Un immeuble pouvant loger 150 athlètes sera construit à la place et l'école pourra le récupérer après les JO pour y réinstaller son restaurant. Mais dans l'intervalle, les étudiants devront se débrouiller autrement.

Les premiers occupants sont attendus à l'été 2025

Mardi, lors du Mipim, la grande messe de l'immobilier à Cannes, la Solideo lance la procédure de consultation pour la vente de deux lots de terrains à construire à Saint-Ouen, un millier de logements chacun, soit un total de 109.600 m2 de surface. Chaque candidat devra se présenter sous forme de groupement comprenant un ou des investisseurs, promoteurs et architectes. Le choix sera connu à l'automne.

Un tel projet a de quoi susciter l'appétit du secteur, d'autant que la Solideo promet de "préfigurer la ville de 2050" et de faire du village "une vitrine de l'excellence des filières françaises". Mais l'opération est singulière, car une fois les bâtiments construits, début 2024, c'est le Cojo qui prendra possession des lieux, en échange d'une indemnité d'occupation à définir. Avec les travaux post-JO, les premiers occupants sont attendus à l'été 2025, un investissement inhabituellement long. "Des équipes chez nous regardent ça: il faut être capable de porter des immeubles sur moyen-long terme", analyse Alain Taravella, président du promoteur Altarea Cogedim, interrogé par l'AFP.

L'enjeu est budgétaire: "quand on va ouvrir les plis, c'est là qu'on aura la vérité des prix", avait lâché le délégué interministériel aux JO, Jean Castex, en décembre au Sénat, alors que l'Etat a promis à maintes reprises que la facture des Jeux olympiques (3 milliards pour les constructions, dont 1,37 milliard de l'Etat et des collectivités) ne flamberait pas. Autre sujet, l'accumulation des chantiers qui risque de rendre la zone très difficile, avec la construction d'un nouvel échangeur et d'un mur antibruit sur l'A86, la nouvelle gare du Grand Paris Express et un pont entre L'Ile Saint Denis et Saint-Denis.

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Avec AFP

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