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Cet étonnant sauvetage d'une église allemande

En Allemagne, le sauvetage "façon Lego" d'une église centenaire

En Allemagne, le sauvetage "façon Lego" d'une église centenaire - John MacDougall - AFP

Afin de sauver leur église, des passionnés décident de la démonter pour la remonter un peu plus loin. Comme un jeu de lego.

Si la foi déplace des montagnes, l'amour du patrimoine peut déplacer des églises. Dans la campagne allemande, des passionnés se mobilisent pour sauver un pittoresque édifice religieux abandonné en pleine forêt qu'ils comptent bien... remettre au milieu du village. Hans Powalla, 74 ans, l'avoue sans détour : il n'est pas croyant. Mais cet habitant de Stiege, commune d'environ mille habitants, tient à préserver une "architecture unique" et le "sens qu'elle donne à la région", située dans les montagnes du Harz, au centre de l'Allemagne.

L'un de ses joyaux est une église en bois ornée de figures de dragons sur ses auvents, construite dans le pur style nordique en 1905 et classé comme monument d'importance nationale. Il n'existe plus que trois églises de ce type dans le pays. Celle de la forêt de Stiege, dans le Land de Saxe-Anhalt, était un sanctuaire privé, accueillant les patients d'un sanatorium voisin où ils soignaient leurs maladies pulmonaires.

La visite des vandales

Mais le sanatorium a fermé et le site ne recevait plus que la visite des vandales. Au point qu'un incendie qui s'était déclaré dans l'ancienne clinique en 2013 a failli réduire l'édifice en cendres. "Depuis le village, nous avons vu les panaches de fumée noire et nous avons pensé que c'était la fin de l'église", se souvient Regina Nowolski, 69 ans. L'idée est ainsi née de sauver la fragile construction de bois "car sinon l'église s'effondrerait un jour", détaille Regina Bierwisch, porte-parole de l'association créée à cette époque. Et "la seule solution pour sauver l'église était de... l'enlever", glisse-t-elle avec malice.

Le groupe de passionnés n'ignorait pas l'ampleur de la tâche: obtenir l'autorisation de déplacer la structure, lui trouver un nouveau point de chute et imaginer comment l'amener à cet endroit. A un moment donné, l'association a même envisagé de soulever l'ensemble du bâtiment à l'aide d'un hélicoptère de l'armée allemande. Sans se décourager, ses membres ont porté l'affaire devant le maire, écrit aux autorités fédérales chargées du patrimoine et lancé des appels pour trouver le financement nécessaire, pas moins d'un million d'euros. "Au début, j'ai juste trouvé l'idée amusante. Mais j'ai vite remarqué qu'ils n'abandonneraient pas et qu'ils étaient là pour aller jusqu'au bout", déclare à l'AFP Ronald Fiebelkorn, maire d'Oberharz am Brocken, une commune voisine de Stiege dont elle dépend administrativement.

Des "Vous êtes fous !", ces férus de patrimoine en ont entendu plus qu'à leur tour, jusqu'à ce qu'ils finissent par emporter l'adhésion des autorités régionales et nationales. Le projet entre désormais dans la dernière ligne droite. Un terrain a été obtenu dans la ville de Stiege, offert pour un euro symbolique. L'association a également racheté, pour un autre euro, l'église privée aux propriétaires actuels, une société immobilière berlinoise.

Pas de vocation religieuse

En novembre, la première pierre a été posée sur le nouveau site et, une fois les fondations coulées en mars, l'église sera démontée du sol au clocher, planche par planche. "Comme une maison en Lego", s'amuse Regina Bierwisch. D'ici septembre prochain, l'édifice sera remonté dans son nouvel environnement, moins bucolique. Elle ne retrouvera pas de vocation religieuse, l'association souhaitant en faire un lieu culturel et touristique.

La plus grande église en bois d'Allemagne se trouve à environ 60 kilomètres de Stiege, également dans la région des montagnes du Harz, doté d'un parc national. "Cela peut devenir une route touristique, avec les églises comme points forts", glisse Regina Bierwisch avant d'ajouter: "la conservation de ce que les gens ont pu construire il y a 100 ans doit être respectée dans cette belle région touristique".

Avec AFP

D. L.