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Immobilier

Shanghai : Marché immobilier interdit aux célibataires !

La rue piétonne de Nankin, à Shanghai

La rue piétonne de Nankin, à Shanghai - Agnieszka Bojczuk / Wikipedia

Pour limiter les hausses des prix immobiliers à Shanghai, l’Etat chinois a eu une idée pour le moins originale : interdire l’achat aux personnes « non-locales » célibataires. Même si elle est très aisée, une personne non-mariée et « étrangère » ne pourra donc pas devenir propriétaire à Shanghai. Ce qui a provoqué un tollé...

Les autorités de Shanghai ne savent plus quoi faire pour empêcher la spéculation acharnée et les hausses des prix de l’immobilier. Bloomberg relève ainsi qu’un appartement de deux chambres situé à une dizaine de kilomètres du centre-ville de la métropole coûte trois fois plus cher aujourd’hui qu’en 2002 !

Le site financier américain note que l’an dernier, une première mesure avait été prise afin d’aider le marché à ralentir : les ménages du coin ne pouvaient posséder que deux biens dans la ville, tandis que les « non-locaux » n’avaient le droit d’en détenir qu’un seul. Et il ne suffit pas d’habiter à Shanghai depuis quelques années pour être considéré comme « local », puisque pour détenir ce titre, la personne doit avoir deux parents shanghaiens, y travailler depuis au moins sept ans ou être mariée à un ou une personne de Shanghai depuis une décennie. Aujourd’hui, le gouvernement va encore plus loin, puisqu’il interdit tout bonnement aux non-mariés et non-locaux de posséder un appartement à Shanghai, même si la personne dispose de revenus plus que suffisants.

1 Shanghaien sur 2 est « étranger »

Avec cette mesure pour la moins étonnante, le marché de Shanghai espère pouvoir souffler un peu. Cela pourrait exclure des milliers, voire des millions de personnes du marché de l’immobilier. D’après Bloomberg, les « non-locaux » représentent près de 9 des 18 millions d’habitants de la métropole, soit la moitié des Shanghaiens. Parmi eux, difficile d’estimer combien sont mariés ou non, mais l’on peut imaginer qu’un pourcentage non négligeable de ces 9 millions de personnes n’ont pas encore la bague au doigt.

Bloomberg rappelle de plus que dans la tradition chinoise, il est de bon ton qu’un homme soit propriétaire avant de se marier : « Zhu Chao Yin Feng », dit le proverbe, qui signifie « construis ton nid avant d’attirer un phénix ». Lorsqu’un Chinois demande leur bénédiction aux parents de sa fiancée, il est très mal vu qu’il n’ait pas son propre logement. La décision des autorités complique donc les choses pour certains et va à l’encontre de traditions anciennes toujours ancrées dans les mentalités.

Une discrimination ?

Est-ce qu’interdire la propriété aux personnes célibataires est une discrimination ? Pour Zhang Lei, un bloggeur chinois ayant vécu huit ans à Shanghai interrogé par le site américain, c’en est une. Âgé de 31 ans, il n’a aucune envie de se marier, mais ayant économisé en prévision d’un achat à Shanghai, il juge que : « c’est très, très irritant, c’est une véritable discrimination. J’ai gagné de l’argent et cela fait longtemps que j’attends de pouvoir enfin acheter un logement. Et d’un coup, le gouvernement me dit que je n’ai plus le droit ». Face à toutes ces restrictions, la résistance s’organise, comme le relève Bloomberg, notamment via de faux certificats de mariage. Certains vont même plus loin, et n’hésitent pas à divorcer afin d’échapper à la limite d’un ou deux biens…

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Laura Makary