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Ce sont les ménages modestes qui achètent les logements les moins bien isolés

Les ouvriers achètent davantage de passoires thermiques que de logements bien isolés

Les ouvriers achètent davantage de passoires thermiques que de logements bien isolés - Pixabay

Les logements les plus énergivores sont davantage achetés par les ouvriers et les employés que par les ménages avec de plus gros revenus.

Les ouvriers et les employés sont largement surreprésentés parmi les acheteurs de passoires thermiques. C'est ce qui ressort d'une étude des notaires publiée en avril et repérée mercredi par Les Echos. Ainsi, plus un ménage appartient à une catégorie socioprofessionnelle modeste et plus il a de chances d'acheter un logement de piètre qualité énergétique.

Sur l'ensemble des achats (toutes étiquettes de diagnostic de performance énergétique confondues), les ouvriers pèsent 11% des achats. Mais plus le logement est efficace d'un point de vue énergétique, plus la part des ouvriers se réduit. Les notaires dénombrent ainsi 15% d'ouvriers parmi les acheteurs de logements anciens étiquetés F et G au titre du diagnostic de performance énergétique (DPE). Ils représentent 13% des acheteurs de logements étiquetés E, 10% d'entre eux pour les logements classés D, 9% pour les logements C et 7% seulement pour les logements classés A et B.

Le même phénomène s'observe avec les employés. Leur part moyenne dans les achats immobiliers dans l'ancien est de 17%. Mais celle-ci oscille entre 14% pour les logements les mieux isolés (classés A et B) et 19% pour les passoires thermiques (F et G).

Interdiction progressive des locations de passoires thermiques

Inversement, les retraités et les cadres supérieurs sont beaucoup plus nombreux à acheter des logements bien isolés. "Parmi les achats aux meilleures étiquettes A-B-C (soit les logements les plus économes en énergie), les acquéreurs "cadres supérieurs" sont statistiquement surreprésentés, entre 23 et 25%, alors qu’ils ne rassemblent que 20% des achats toutes étiquettes confondues. C’est également le cas des acquéreurs "retraités", jusqu’à 18% parmi les achats des logements les plus économes, alors qu’ils représentent 14% des achats toutes étiquettes confondues", détaillent ainsi les notaires.

On notera toutefois que ces données concernent la France métropolitaine hors Ile-de-France. Les résultats pourraient donc varier sensiblement si les notaires avaient inclus la région parisienne. On peut imaginer que la part d'acheteurs ouvriers diminuerait alors globalement, au profit des acquéreurs avec de plus gros revenus. Par ailleurs, nombre de logements à Paris et dans sa proche banlieue, qui affichent des prix très élevés, sont très énergivores, ce qui est souvent le cas des immeubles haussmanniens. Ainsi, 31% des logements sont classés F ou G dans la capitale, selon des chiffres publiés par le service des données et études statistiques (SDES). À l'échelle nationale, ces passoires thermiques sont près de 4,8 millions en France et représentent 17% du parc de résidences principales. En incluant la capitale, la part des cadres dans les achats de logements énergivores remonterait donc probablement.

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Le projet de loi Climat, qui vient d'être adopté en première lecture à l'Assemblée nationale cette semaine, prévoit d'interdire la location des passoires thermiques à compter de 2025 pour les logements affichant un DPE de G, de 2028 pour les logements classés F et de 2034 pour les logements classés E (ou plus).

Jean Louis Dell'Oro