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Rénovation Et Travaux

Comment l'Etat pourrait aider les Français à remplacer leur chaudière au fioul

Edouard Philippe sur RMC-BFMTV le 28 novembre 2018

Edouard Philippe sur RMC-BFMTV le 28 novembre 2018 - RMC-BFMTV

Le Premier ministre se donne trois mois pour trouver des solutions pratiques afin d'aider les Français à remplacer leur chaudière au fioul.

Haro sur les chaudières au fioul. Le gouvernement veut inciter les Français à se doter de moyens de chauffage plus écologiques et moins consommateurs d'énergie fossile. "Un des objectifs du gouvernement, c'était de faire en sorte d'accompagner, d'aider ceux qui voulaient changer leur chaudière au fioul", a assuré ce mercredi matin le Premier ministre Edouard Philippe sur RMC-BFMTV. "Cela a parfois été interprété comme la possibilité d'interdire les chaudières au fioul. Il ne s'agit pas de ça. Il y a des gens qui n'ont pas d'alternatives. On ne va pas interdire les chaudières au fioul", a néanmoins précisé l'ancien maire du Havre, confirmant les propos tenus mardi par le président de la République Emmanuel Macron sur ce point.

Mais comment faire, alors que les coûts d'un tel changement peuvent peser extrêmement lourd dans le budget d'un ménage ? "Il y en a qui peuvent passer à la chaudière à gaz, c'est possible. Il y en qui doivent par exemple, s'ils veulent changer, passer à la pompe à chaleur. C'est très cher à l'achat", a reconnu le Premier ministre. Prenant l'exemple du passage à une pompe à chaleur, il évoque ainsi un coût de 12.000 euros. Selon les chiffres de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), l'installation d'une pompe à chaleur dans une maison individuelle de 110 m2 coûte effectivement entre 12.000 et 14.000 en fonction du matériel installé.

Un maquis d'aides incompréhensible

Des aides existent déjà. "Pour un ménage très modeste, qui aurait une chaudière au fioul et qui voudrait passer à une pompe à chaleur, (…) on a mis sur la table quelque chose qui peut monter jusqu'à 7.500 voire 8.000 euros", calcule Edouard Philippe. Le premier problème cependant, c'est de s'y retrouver. Au fil des ans, chaque gouvernement y est allé de son coup de pouce et le maquis d'aides est devenu totalement incompréhensible pour les ménages. Eco-prêt à taux zéro, crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE), aides de l'Anah, certificats d'économie d'énergie… On y perd facilement son latin. D'autant que s'y superposent les aides des collectivités locales.

Le géant des matériaux du bâtiment Saint-Gobain vient d'ailleurs de lancer sur son site un simulateur "qui permet de savoir en fonction des travaux que l’on souhaite réaliser chez soi, quels sont les financements et aides fiscales auxquels on peut prétendre". Le nombre d'aides financières et fiscales recensées pour des travaux de rénovation énergétique ou d'adaptation d'un logement à un handicap ? Près de 2000 ! L'Etat a d'ailleurs conscience du problème puisque l'Ademe a lancé en septembre dernier un service, la plateforme FAIRE, qui permet de prendre contact avec un conseiller afin de déterminer les aides auxquelles un ménage a le droit. Des start-up se sont même emparées du sujet, à l'instar de Crust Energie. Cette société fait des audits énergétiques puis prend en charge et met en œuvre les travaux. Ce "chasseur de subventions" a par exemple pris en charge à 100% les travaux d'isolation d'une copropriété de Bondy en Seine-Saint-Denis, comme l'expliquait France Inter mardi. Au total, 8.000 euros de travaux ont été financés sans que cela ne coûte un centime aux propriétaires.

Vers une location avec option d'achat ?

Il s'agit justement du deuxième écueil des aides, comme l'a reconnu le Premier ministre sur RMC-BFMTV, à savoir ce qui reste à la charge des ménages. Car même si, dans l'exemple choisi par Edouard Philippe, 8.000 euros sont pris en charge sur 12.000 euros, de nombreux ménages modestes ne peuvent pas avancer les 4.000 euros et n'ont pas nécessairement la capacité de s'endetter. Lors de la concertation sur la transition énergétique qui s'ouvre pour trois mois, le Premier ministre milite pour "discuter avec les banques, discuter avec les distributeurs, discuter avec les associations de consommateurs pour imaginer un système dans lequel à la fin" des solutions pratiques soient trouvées. Edouard Philippe évoque par exemple la piste d'un système de location avec option d'achat.

En attendant d'en savoir plus sur les dispositifs d'accompagnement qui seront mis en place, une chose est sûre : le gouvernement ne prévoit pas le retour d'une aide pour passer à un modèle amélioré de chaudière au fioul. Jusqu'au 30 juin dernier, il était possible de se faire rembourser 15% du prix d'acquisition d'une chaudière au fioul à très haute performance énergétique dans le cadre du CITE. Un dispositif jugé "incohérent avec une politique environnementale" par le Premier ministre.

Jean Louis Dell'Oro