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Le chauffage au gaz sera interdit dans les maisons neuves dès l'été 2021

Bâtiment neuf: les gaziers craignent "le retour du chauffage électrique obligatoire"

Bâtiment neuf: les gaziers craignent "le retour du chauffage électrique obligatoire" - RI Pixabay

La nouvelle réglementation environnementale RE 2020 va interdire le gaz dans les maisons neuves dès 2021. Une interdiction qui concernera les logements collectifs neufs après 2024.

C'est bientôt la fin du gaz dans les logements neufs. Le gouvernement a dévoilé ses arbitrages dans ce domaine. Confirmant les informations des Echos, le gouvernement annonce que la réglementation environnementale 2020 "marquera une rupture majeure: la disparition progressive des logements neufs chauffés au gaz".

Le premier volet concerne la "sobriété énergétique", a détaillé en conférence de presse Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. Pour cela, le besoin énergétique (Bbio), un indicateur qui traduit les besoins en énergie d'un bâtiment pour rester à une température "confortable", sera l'instrument-clé, précise le ministère. Par rapport à la précédente réglementation datant de 2012, tous les nouveaux logements devront ainsi avoir un Bbio 30% inférieur

La nouvelle réglementation environnementale RE 2020, qui impose aux bâtiments de nouveaux seuils de consommation énergétique et d'émission de gaz à effet de serre, s'appliquera à partir de l'été 2021 aux logements, bureaux et bâtiments d'enseignements. Les maisons individuelles dont la demande de permis de construire a été déposée postérieurement seront concernés. Pour les logements collectifs, dont les alternatives au gaz ne sont pas encore bien développées, une tolérance est accordée jusqu'en 2024. Les nouvelles normes de construction des bâtiments neufs doivent aboutir à une réduction d'au moins 30% de la consommation d'énergie au quotidien ainsi que des émissions de gaz à effet de serre lors de la construction.

Le seuil d'émission maximum autorisé sera fixé dès 2021 à 4 kilogrammes (kg) de CO2/an/m2 pour les maisons, et pour les appartements à 14 kg CO2/m2. Dès 2024, ce seuil sera ramené à 6 kg CO2/m2/an. Les Echos précisent que cela exclut "de fait le chauffage exclusivement au gaz, mais permettant le développement de solutions innovantes, y compris hybrides (telles des pompes à chaleur utilisant un léger appoint de gaz en cas de grand froid)".

Risque d'un retour du chauffage électrique?

Un coup dur pour certains professionnels. Ainsi, le patron du réseau de transport de gaz GRTGaz dit craindre le retour en force du chauffage électrique dans les bâtiments neufs, alors que Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, l'un des deux gestionnaires du réseau de transport de gaz en France avec Teréga, dit redouter "le retour du chauffage électrique obligatoire pour tous".

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"Les pompes à chaleur électriques sont des solutions intéressantes" mais, "derrière le cortège des pompes à chaleur, on trouve aussi des radiateurs électriques et, en fonction de la fixation d'un certain nombre de coefficients, on risque d'avoir le retour du radiateur électrique", souligne Thierry Trouvé. "La crainte, c'est que dans les prochains hivers on ait une pointe (de consommation) dont la taille aura augmenté et un système électrique toujours plus fragile du fait du développement des renouvelables, de la fermeture d'un certain nombre de tranches nucléaires, de leur vieillissement", poursuit-il.

Seuil maximal de consommation

"Il suffit qu'il y ait une crise d'une nature ou d'une autre et, tout d'un coup, le système électrique et donc le système énergétique devient très fragile", insiste-t-il. Il fait ainsi allusion aux récentes mises en garde du gestionnaire du réseau électrique RTE: la France pourrait connaître des difficultés d'approvisionnement électrique en cas de vague de froid au mois de février, la crise sanitaire ayant perturbé la maintenance des réacteurs nucléaires.

Le ministère précise aux Echos que "le gouvernement souhaite éviter d'entraîner un retour massif du radiateur électrique, car s'il est peu coûteux à installer, ce mode de chauffage est cher à l'usage et pèse plus fortement sur le réseau électrique au plus fort de l'hiver (pointe hivernale). C'est pourquoi RE 2020 imposera l'utilisation de chaleur renouvelable en fixant un plafond de consommation d'énergie primaire non renouvelable.

Concernant la construction et la démolition, qui représentent 60% à 90% de l'empreinte carbone d'un bâtiment d'une durée de vie de 50 ans, des efforts devront également être faits. Sur ce volet, l'effectivité des nouvelles normes ne se fera cependant qu'à partir de 2024, le temps que la filière s'approprie la méthode d'analyse. "Certains diront peut-être que nous ne sommes pas assez ambitieux pour 2021, mais nous le sommes pour la suite et c'est la faisabilité et la soutenabilité de la trajectoire qui comptent", a défendu Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement. Les émissions de gaz à effet de serre pour la construction devront ainsi baisser de 15% en 2024, de 25% en 2027 puis de 30% à 40% selon le type d'habitat d'ici à 2030.

(Avec AFP)

Diane Lacaze