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Le gouvernement veut gonfler le chèque énergie pour aider les Français à se chauffer

Le chèque énergie va être "amélioré".

Le chèque énergie va être "amélioré". - june66 - Pixabay

Emmanuel Macron a annoncé qu'il souhaitait "améliorer le chèque énergie". Cette aide est aujourd'hui versée à environ 3,7 millions de ménages en situation de précarité.

Chaque année, le constat est le même: les Français ont froid dans leur logement. L'hiver dernier, Qualitel-Ipsos publiait un baromètre où 47% des Français déclaraient avoir trop froid chez eux. Sans surprise, le niveau de revenus pèse lourdement dans la balance. 57% des foyers ayant les plus faibles revenus, soit moins de 1.250 euros nets mensuels par ménage, affirment avoir parfois ou souvent froid dans leur logement, alors que ce chiffre tombe à 39% pour les foyers où le revenu mensuel net dépasse 3.000 euros.

D'ailleurs, fin octobre, le médiateur national de l'énergie publiait un communiqué déclarant que 30% des Français ont restreint leur consommation de chauffage cette année afin de limiter leurs dépenses énergétiques. Et 9% ont eu des difficultés pour régler certaines factures d'énergie.

Un chèque énergie élargi?

C'est pourquoi, ce mardi 6 novembre, alors que la polémique sur la hausse des prix de l'énergie à cause des taxes enfle, Emmanuel Macron a annoncé sur Europe 1 vouloir regarder "comment améliorer le chèque énergie" pour les ménages modestes. "On ne peut laisser les gens, alors que l'hiver commence, dans une situation qui ne permet pas de se chauffer dignement", a déclaré le président de la République. Créé pour remplacer les tarifs sociaux de l'électricité et du gaz, ce chèque sera porté en 2019 à 200 euros par an en moyenne, contre 150 euros cette année. Il est versé à environ 3,7 millions de ménages en situation de précarité.

Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, a précisé que le "chèque énergie", versé pour aider les ménages modestes à payer leur facture de gaz et d'électricité, pourrait être "élargi" à certains contribuables imposables.

Les deux problèmes du chèque selon Darmanin

Selon lui, ce chèque connait deux problème. "Le premier, c'est que c'est très technocratique comme système, parce que vous recevez un chèque, mais c'est un chèque que vous ne pouvez pas encaisser, c'est un chèque que vous devez déduire de votre tarification", a-t-il rappelé. "Aujourd'hui, il y a 560.000 Français qui reçoivent ce chèque mais qui ne l'encaissent pas. Ce sont des dizaines de millions d'euros mis à la disposition" des contribuables mais "qu'ils ne dépensent pas", a insisté le ministre, jugeant nécessaire de rendre le dispositif "plus simple".

La deuxième "question qu'on doit se poser", c'est "est-ce qu'il faut aider les gens qui sont imposables, c'est-à-dire ceux qui payent l'impôt sur le revenu", et qui ne bénéficient actuellement pas du chèque énergie, a poursuivi Gérald Darmanin. "Je pense qu'effectivement il faut s'occuper de tous les Français modestes", a-t-il déclaré, estimant qu'il fallait peut-être "élargir à d'autres personnes" le chèque énergie, évoquant le cas de certains contribuables payés "au Smic". Et il a prévenu: "Avec le ministre d'État François de Rugy, nous aurons l'occasion de faire cette semaine des propositions au Premier ministre".

L'isolation, la solution

Reste que le chèque énergie ne règle pas le problème de l'isolation, seule vraie solution pour faire baisser la facture et limiter les émissions de CO2 liées au chauffage dans les foyers. L'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) rappelle que les ménages ont tout intérêt à isoler en priorité le toit qui peut représenter de 25 à 30% des pertes thermiques, et ensuite les murs (20 à 25%). Les fenêtres représentent quant à elles de 10 à 15% des déperditions de chaleur. Comme le rappelle Le Parisien, qui reprend les chiffres de l'Ademe, le chauffage résidentiel contribue à 23,2% des émissions de dioxyde de carbone en France en 2016. Le chauffage à bois, lui, était à l'origine de 11% des émissions d'oxydes d'azote.

"Il y a urgence à mettre en œuvre le plan de rénovation énergétique des logements anciens annoncé par le gouvernement", soulignait déjà l'hiver dernier Bertrand Delcambre, président de Qualitel, une association dont la mission est de promouvoir la qualité de l’habitat. "C’est un impératif social bien sûr, mais également environnemental (baisse des émissions de carbone) et économique (des centaines de milliers de créations d’emplois en vue)".

Diane Lacaze