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Mais pourquoi les Français ont-ils si froid chez eux?

Les Français ont froid dans leur logement.

Les Français ont froid dans leur logement. - HBSCHW - pixabay

Chaque hiver, c'est le même constat, les Français ont froid dans leur logement. Que peuvent faire les propriétaires et les locataires pour y remédier?

Dès que la vague de froid s'installe durablement dans l'Hexagone, les Français redécouvrent une dure réalité: ils ont froid chez eux. L'hiver dernier, le baromètre Qualitel-Ipsos montrait que 47% des Français déclarent avoir trop froid dans leur logement, et ce sont les Parisiens qui sont les plus nombreux à déclarer greloter quand le thermomètre est au plus bas. Près de six sur dix se plaignent de ce désagrément.

Plusieurs raisons expliquent ce désagréable phénomène. Tout d'abord, 450.000 logements sont considérés comme indignes en France, selon les estimations du ministère. Dans un article du Monde daté de 2016, l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (Anah) estimait que 100.902 immeubles en copropriété en 2011, soit 1.133.000 logements, étaient en difficulté (bâtiment en mauvais état, volume important d'impayés, taux de résidents pauvres élevé, ...), soit 15,5% du parc des copropriétés. Et on peut facilement imaginer qu'une bonne partie de ces foyers sont mal chauffés.

Température idéale versus température réelle

Ensuite, il y a une différence notable entre la température idéale pour les Français et ce que dit la loi. Pour les Français, la température intérieure idéale est de 20,2 degrés, selon un sondage Ifop pour Eni. Si 9% de courageux se sentent bien dans une maison entre 15°C et 18°C, 17% ne peuvent pas vivre en dessous de 22 degrés, certains poussant même le thermostat jusqu'à 25°C. Par ailleurs, "le besoin de chaleur intérieure suit les températures extérieures du climat local. Là où il fait chaud, on continue à vouloir avoir chaud chez soi et là où il fait plus froid, on persiste à bien vivre avec une température de la maison plus basse", précise le baromètre. Ainsi, les régions PACA et Auvergne-Rhône-Alpes expriment le besoin le plus élevé de France (20,5°C) alors que la Bretagne et la Normandie se contentent des plus faibles, respectivement 19,8°C et 19,9°C.

Une température idéale de 20,2°C donc mais qui n'est pas tout à fait en adéquation avec la loi. En effet, selon l'article R241-26 du Code de l'énergie, un logement en location dont le permis de construire a été déposé après le 1er juin 2001, la température mesurée au centre de chaque pièce doit être au maximum de 19°C. La température minimum doit, elle, pouvoir être maintenue à 18°C. Pour un logement plus ancien, la loi ne définit pas le seuil minimal et maximal. La loi précise seulement de se "chauffer normalement conformément aux normes minimales de décence d'un logement". Certains locataires peuvent donc se retrouver dans un intérieur légèrement plus frais que ce qu'ils auraient souhaité.

Difficulté à se chauffer

En cas de logement sous-chauffé, le locataire doit alerter le bailleur ou son représentant (l'agent immobilier). S'il n'agit pas, il lui enverra un courrier recommandé avec avis de réception pour le mettre en demeure de faire le nécessaire. Et enfin, il pourra saisir le tribunal d'instance.

L'autre explication est évidement le coût. Si les Français rêvent de vivre dans un logement à 20,2°c, ils n'en ont pas forcément les moyens. Un tiers des Français ont restreint leur consommation de chauffage cette année pour réduire leurs dépenses énergétiques, selon des chiffres publiés par le médiateur national de l'énergie. Près d'un Français sur dix (9%) affirme avoir eu des difficultés à régler certaines factures d'énergie.

D'ailleurs, selon une étude du Crédit Foncier, les charges de chauffage sont celles qui coûtent le plus cher aux copropriétés (13,3 euros par mètre carré et par an). Elles représentent 32,9% des dépenses annuelles de copropriété.

Des travaux d'isolation pas assez efficaces

Ce coût est notamment lié à la mauvaise isolation d'une grande partie du parc immobilier. Ainsi, selon une étude de Guy Hoquet publiée cette année, près de 13% des logements sont des passoires thermiques (avec un diagnostic de performance énergétique les classant en catégories F et G). Et une large majorité de biens sont classés via le DPE en D (40% du parc) et E (30%). Soit 83% de logements énergivores.

Idéalement, il faudrait que les Français réalisent des travaux d'isolation dans leur logement pour chauffer efficacement. Mais là encore, le coût peut être un frein. Entre 2014 et 2016, 5,1 millions de ménages ont réalisé des travaux pour un montant global de 59,3 milliards d'euros, soit une dépense moyenne de 11.750 euros par logement, selon les chiffres de l'Ademe. De plus, les Français ne choisissent pas forcément la bonne partie de leur logement à isoler. Les 5,1 millions de logements rénovés, 2,73 millions ont été concernés par des aménagements sur les ouvertures, contre 2,38 millions d'euros sur les toitures et 2,22 millions sur les murs. Pourtant, l'Ademe précise sur son site que les pertes de chaleur dans un logement ne proviennent pas en premier lieu des fenêtres. Les particuliers ont tout intérêt à isoler en priorité le toit qui peut représenter de 25 à 30% des pertes thermiques, et ensuite les murs (20 à 25%). Les fenêtres ne représentent ainsi que 10 à 15% des déperditions de chaleur.

Il existe de petites astuces pour se protéger du froid, notamment pour les locataires qui ne peuvent pas réaliser de gros travaux dans les logements: coller des joints autocollants ou du film de survitrage sur les vitres. Fermer les rideaux (isolants) ou les volets peut également vous permettre de grignoter un peu de chaleur, tout comme l'installation de boudin devant la porte d'entrée. Certains professionnels préconisent d'équiper les radiateurs de panneaux réflecteurs en aluminium et de poser des tapis sur les surfaces très froides.

>> Retrouvez notre dossier sur les différentes aides pour la rénovation énergétique de votre logement

Diane Lacaze