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Rénovation Et Travaux

NKM défend le gel des installations photovoltaïques

90 % des panneaux solaires installés en France sont fabriqués en Chine

90 % des panneaux solaires installés en France sont fabriqués en Chine - dr

Suite à la levée de bouclier concernant le décret qui instaure le gel des installations de panneaux solaires de plus de 3 kWh, la ministre du Développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet, a tenu à recadrer les choses, en s’exprimant mardi sur France Info.

Au départ, la grogne due au fameux décret du 9 décembre qui gèle pour 3 mois les projets photovoltaïques en attente, ne touchait que les professionnels, or elle s’est étendue bien au-delà. Élus locaux et politiques s’opposent désormais à une telle mesure. Nathalie Kosciusko-Morizet est donc intervenue ce matin, afin de justifier la démarche du gouvernement. Celle-ci a tout d’abord précisé que « les projets très avancés n’ [étaient] pas concernés », mais qu’il s’agissait de « ceux qui [étaient] dans la file d’attente ». Ce n’est pas l’avis d’Arnaud Gossement, l’avocat qui représente l’association de professionnels de la filière solaire, Enerplan. Dans un entretien à LaVieImmo.com, celui-ci estime en effet qu’ « en pratique, au bout de trois mois, les professionnels devront redéposer de nouvelles demandes de dossiers : ce n’est donc pas une suspension mais une « mise à la corbeille » des dossiers existants, avec un gros préjudice pour les professionnels ».

Le matériel chinois en cause ?

Pour la ministre, deux problèmes majeurs justifient cette mesure. Tout d’abord, suite à la défiscalisation, « une bulle spéculative s’est formée » et nombre « de projets sont devenus support à spéculation financière ». Ensuite, Nathalie Kosciusko-Morizet souligne qu’elle tient à développer une « filière nationale », insistant sur le fait « qu’aujourd’hui 90 % des panneaux installés viennent de Chine ». Or ces derniers, « produisent 1,8 fois plus de CO2 qu’un panneau fabriqué en France » et ne soutiennent pas l’économie nationale.

Pourtant, la France dispose de « technologies en matière de photovoltaïque mais ce ne sont pas celles là qui sont installées » à cause des prix attractifs des matériaux chinois. La ministre a alors tenu à rappeler que les trois mois de gel, correspondaient au temps de remise à plat de tout le fonctionnement de la filière, afin que cela « profite à de l’emploi et à de l’activité en France ».

Bras de fer

Les déclarations de la ministre font suite à l’ouverture lundi de la concertation réunissant des professionnels de la filière photovoltaïque, des élus ainsi que Jean-Michel Charpin, auteur du rapport du même nom, qui considère la spéculation autour du photovoltaïque comme « un risque financier majeur ». Ces derniers sont rassemblés afin d’établir une nouvelle réglementation tarifaire mais la majeure partie des débats risque fort de porter sur la volonté du gouvernement de poursuivre sa stratégie, malgré le recours déposé devant le Conseil d’Etat.

Nastasia Desanti