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Pourquoi 6 Français sur 10 rêvent d'aller "vivre ailleurs"

Le village de Baraigne dans le sud de la France

Le village de Baraigne dans le sud de la France - AFP

Changer de cadre de vie pour "habiter mieux". C’est devenu la priorité pour de nombreux Français selon l’Observatoire de l’habitat. Si une majorité des Français sont satisfaits de leur logement, ils sont aussi très nombreux à subir des nuisances, notamment thermiques ou acoustiques, et à vouloir se rapprocher de la nature et d'un environnement moins pollué.

En quoi consistent les aspirations des Français concernant leur habitation ? Que signifie habiter mieux ? C’est à ces questions que tente de répondre l’Observatoire de l’Habitat*, dont la dernière édition a été publiée ce jeudi matin. Principal enseignement : les Français démontrent un intérêt grandissant pour les enjeux écologiques qui pèsent sur l’habitat, et sont désormais prêts à changer une partie de leurs habitudes en adoptant notamment des comportements écoresponsables pour "vivre mieux". "Il y a vraiment une recherche de retour à la nature, un peu fantasmée, pour aller vers un habitat sain dans un environnement non pollué, qui s’inscrit dans une quête de consommer autrement", selon Simon Borel, sociologue à la société d'études et de conseil en stratégie Obsoco (l'Observatoire Société et Consommation), qui a réalisé cette étude avec le soutien de Nexity, Somfy et CDC Habitat.

Ainsi, 6 Français sur 10 aspirent à aller vivre ailleurs, et pour 26% d'entre eux, ils y pensent "beaucoup". Cette part grimpe même à 72% chez les habitants de l’agglomération parisienne (contre 50% seulement des personnes vivant dans des communes rurales). "C’est une proportion importante. Tous ne vont pas forcément se lancer dans le projet concrètement mais c’est une aspiration très forte", précise Simon Burel. Si 32% des Français qui aimeraient aller vivre ailleurs le feraient pour changer de logement, quasiment la moitié souhaitent déménager dans le but de trouver un cadre de vie alternatif. "On voit bien que cette aspiration émane des populations des grandes métropoles qui déplorent les rythmes de vie trop prenants, les cadres de vie pollués et sont en recherche d’alternatives".

82% des Français aimeraient vivre dans un village

Quand on demande aux Français ce qu’ils entendent par "vivre ailleurs", la plupart souhaitent bénéficier d’un meilleur climat, se rapprocher de la nature, avoir un rythme de vie moins dense. 82% des Français aimeraient vivre dans un village, 70% en habitat pavillonnaire, et seulement 20% dans une ville dense. Les jeunes cependant se révèlent nettement plus attirés par les grandes villes connectées que leurs aînés : 47% des 18-24 souhaiteraient y vivre contre 8% des plus de 55 ans. "Quand on regarde des images représentant des modes de vie, l’idéal d’ailleurs s’incarne dans le village. C’est vraiment un plébiscite. C’est intéressant de constater que les villes denses et connectées sont loin derrière les habitats isolés dans les attentes des Français", selon Simon Burel.

Autre enseignement : les Français se disent prêts à changer leurs habitudes en adoptant des comportements écoresponsables : recyclage, compostage, énergies renouvelables, isolation de leur habitation. Il existe également une appétence très importante à l’égard de l’autonomie énergétique et alimentaire dans l’habitat, pour des motifs économiques et environnementaux. 73% des personnes interrogées souhaitent devenir autonomes en matière énergétique, et 65% aimeraient tendre vers l’autonomie alimentaire grâce à une production à l’échelle de leur habitat. Paradoxalement, si les Français font preuve d’un engouement grandissant pour un habitat proche de la nature, ils souhaitent garder un accès privilégié aux services de santé, aux transports collectifs, et aux commerces à proximité de leur habitation. "Finalement, on a envie d’avoir une maison avec un bout de jardin mais tout en restant près des centres urbains. On est quand même attaché au mode de vie urbain".

Des logements satisfaisants, mais trop de nuisances

Globalement, 72% des Français se disent satisfaits de leur logement... mais ce sentiment est assombri par des nuisances importantes puisque 75% déclarent y subir au moins une forme de nuisance, en particulier celles liées aux mauvaises performances énergétiques, à l’isolation thermique ainsi qu’à la mauvaise qualité acoustique, avec une très forte sensibilité au bruit. L’insatisfaction acoustique est davantage ressentie par les personnes résidant dans des logements collectifs (45% contre 17% des individus vivant en habitat individuel).

Dernier enseignement : en ce qui concerne les nouvelles manières d’habiter, les aspirations sont plus clivantes. 84% des Français se disent prêts à mutualiser, échanger au moins un type de service avec leurs voisins, mais seulement un tiers souhaiteraient pouvoir disposer d’équipements et de services mutualisés dans le cadre de leur habitat. 42% des Français souhaiteraient pouvoir reconfigurer la taille des pièces de leur logement (via des parois coulissantes ou des murs amovibles), quand 10% aimeraient habiter en co-living, c'est-à-dire en communauté avec des espaces partagés avec ses voisins (par exemple la cuisine ou un jardin). Un mode de vie qui attire plus particulièrement les jeunes et les habitants des zones denses.

Marie Dupin pour BFM Lavieimmo

*L'Observatoire de l'Habitat s'appuie sur une enquête réalisée en ligne par l’ObSoCo auprès d'un échantillon de 3.962 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 à 70 ans, selon la méthode des quotas (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de résidence et taille de l’agglomération de résidence).

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