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Risque d'effondrement: plus de 1000 personnes évacuées de leur logement à Marseille

Les services de la mairie surveillent les immeubles.

Les services de la mairie surveillent les immeubles. - Christophe Simon - AFP

Après l'effondrement de plusieurs immeubles qui a fait huit morts dans la cité phocéenne, la mairie a appliqué le principe de précaution. 1010 personnes ont été évacuées de 106 bâtiments, et une école a décidé de fermer sa cour de récréation.

Plus de 1000 Marseillais ont dû évacuer leur appartement, principe de précaution oblige, depuis l'effondrement de plusieurs immeubles du centre-ville. Onze jours après le drame qui a fait huit morts dans le quartier populaire de Noailles, "ça n'arrête pas", lâche un marin-pompier dépêché jeudi sur une évacuation d'immeuble. Au total, 1010 personnes ont été évacuées de 106 bâtiments, devenus fantômes, à travers la ville, selon la mairie.

Samedi, l'un des vice-présidents LR de la métropole d'Aix-Marseille-Provence, Bernard Jacquier, a présenté sa démission. Il était délégué à la commande publique et à la commission d'appel d'offres. Cette démission a été acceptée par la présidente de la métropole, Martine Vassal. Il conserve toutefois son mandat électif, a précisé la mairie.

À côté de l'Opéra comme face à la préfecture, de plus en plus d'immeubles douteux de la deuxième ville de France, aux façades parfois lézardées de fissures, sont murés ou bouclés. "Les dossiers se multiplient, parce qu'il y a un peu de psychose. Mais en même temps, pour de nombreux dossiers, on s'aperçoit que c'est assez fondé", commente Me Jérôme Rambaldi, un avocat qui défend plusieurs évacués.

"Ça permet malheureusement de mettre l'accent sur les difficultés qui sont rencontrées dans l'habitat marseillais dans de nombreux quartiers", où les questions de mal-logement étaient bien connues, ajoute-t-il. Les experts, requis par la mairie, sont très sollicités et mettent plusieurs heures, voire parfois plusieurs jours, à intervenir, après l'évacuation d'urgence sous l'oeil des pompiers. "En ce moment, il n'y a pas de zone grise": au moindre doute sur la sécurité de l'immeuble, "c'est le couperet" et les habitants sont évacués, explique à l'AFP un architecte qui s'apprête à inspecter un bâtiment.

"Prenez trois ou quatre sacs pour partir, ça peut durer"

C'est ce qui est arrivé vendredi dernier à Nalha Bouskaya dans son appartement de la rue d'Italie, à deux pas de la place Castellane. Le logement est "très bien, avec un sol en béton ciré", mais l'immeuble menace, relate-t-elle : un plancher s'affaisse et les murs des caves se désagrègent. "On nous a dit que c'était pour le week-end, on n'a pas pu prendre beaucoup d'affaires", explique cette salariée du secteur nucléaire, qui a dû finalement attendre une semaine pour qu'un expert vienne auditer son immeuble. Jeudi, nouveau délai: l'expert était enfin là mais la mairie n'est pas parvenue à retrouver la clé avec laquelle elle avait bouclé l'immeuble... Propriétaire, Nalha Bouskaya paie une chambre d'hôtel de sa poche en attendant.

Un peu plus loin, la même rue d'Italie a été barrée jeudi pour évacuer l'immeuble de Clara, une artiste de 26 ans. "Prenez trois ou quatre sacs pour partir, ça peut durer.... Mais n'en profitez pas pour tout déménager !", lance un pompier à son petit ami, autorisé à regagner quelques minutes leur 40 m2. "On a très peur", confie la jeune femme. La façade laisse difficilement imaginer l'état intérieur : "L'immeuble est très humide, les cafards prolifèrent et mangent les murs. Le palier du 1er étage est disloqué et l'escalier fragile. Il y avait de plus en plus de fissures, et une dernière est apparue sur un mur porteur après les pluies", décrit-elle.

"Il m'a fallu l'électrochoc de la rue d'Aubagne"

Installée depuis sept ans dans ce logement qu'elle loue 470 euros, elle s'était habituée à vivre dans un appartement où "les sols ne sont pas droits". Mais après le drame de Noailles, "je dormais mal, j'étais tout le temps sur le qui-vive". "Il m'a fallu l'électrochoc de la rue d'Aubagne" pour accepter d'appeler les pompiers, reconnaît une autre locataire, Dalila El Krim, enceinte de neuf mois, qui redoutait la galère de l'évacuation, puis de l'hôtel.

Entre son petit de trois ans et son accouchement imminent, difficile de se résoudre à quitter son chez-soi où "tout était prêt dans la chambre du bébé". Même si la fissure dans le mur du salon était devenue si large "qu'on pouvait y passer la main, facile". "J'ai pris avec moi ma valise de maternité, et c'est tout !", raconte-t-elle. "Il fallait faire tout ça avant qu'il y ait des morts rue d'Aubagne", enrage-t-elle face au ballet des pompiers et des policiers. "Maintenant, on n'a plus de toit, et on est pas dans la merde..."

Une école ferme sa cour

Une école proche des immeubles qui se sont effondrés a décidé de fermer par précaution à partir de ce lundi sa cour de récréation. L'école Cours Julien, dont une façade donne sur le 119 rue d'Aubagne, se situe à 150 mètres des bâtiments vétustes qui se sont effondrés.

Dans un message aux parents d'élèves que l'AFP a pu consulter, la direction de l'école constate les "inquiétudes quant à la sécurité des élèves, du personnel enseignant et du personnel municipal" et prend "la mesure conservatoire de ne plus accueillir les élèves dans la cour". De leur côté, les parents appellent à se rassembler lundi et mardi matin pour exiger une expertise immédiate "fiable et transparente". Interrogée par l'AFP, la mairie a expliqué avoir "pris en compte" la demande de l'école et explique que "des experts vont faire un diagnostic".

La cour et la façade arrière de l'école reposent sur un local municipal "insalubre", a expliqué la présidente de l'association des parents d'élèves, Camille Giraud-Ba, qui a pu prendre des photos de son plafond, humide et endommagé. Le sol de la cour s'est déjà affaissé en 2012, des fissures ont été constatées et des carreaux se sont brisés Après l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne, la direction et les parents d'élèves ont sollicité de la mairie une nouvelle expertise. Des responsables se sont déplacés, mais les parents d'élèves et l'école ont déploré de ne pas y avoir été associés.

(Avec AFP)

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