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Investissement

Avec la suspension des loyers pour les PME, les SCPI en danger?

Les SCPI vont-elles survivre à la crise du coronavirus?

Les SCPI vont-elles survivre à la crise du coronavirus? - Geralt- Pixabay

Lors de son allocution le 16 mars, Emmanuel Macron a annoncé des mesures importantes pour faciliter le redémarrage de l’économie après la crise. L’une d’elles consiste en la suspension des loyers pour les PME en difficulté. Or, de ces loyers dépend la survie de nombreuses SCPI.

Faut-il encore investir dans les SCPI? Il y a une semaine, le CAC 40 connaissait un plongeon historique. Beaucoup d’investisseurs se sont donc tournés vers les SCPI. Paul Bourdois, cofondateur de France SCPI a en effet constaté depuis quelques jours une demande plus forte sur les SCPI, “une demande de renseignements plus présente”.

Mais depuis lundi soir, les choses risquent de changer. Lors de son allocution le 16 mars, le président de la République Emmanuel Macron a rappelé que la survie du tissu des PME est décisive pour le redémarrage de l'économie après la crise et permettrait de limiter la casse sociale. "Pour les plus petites d'entre elles, et tant que la situation durera, celles qui font face à des difficultés n'auront rien à débourser, ni pour les impôts, ni pour les cotisations sociales", a indiqué Emmanuel Macron qui n'a pas précisé quelle serait la taille des entreprises concernées. "Les factures d'eau, de gaz, d'électricité ainsi que les loyers devront être suspendus" pour ces entreprises, a-t-il précisé. L'Union des entreprises de proximité (U2P) a exprimé sa satisfaction dans un communiqué, soulignant qu'elle mesurait "à leur juste valeur les décisions prises pour empêcher la faillite des entreprises".

"Il y a des garde-fous"

Pour les SCPI, cela risque de poser problème. En effet, une SCPI (Société civile de placement immobilier) est une structure qui détient des immeubles et perçoit des loyers. Loyers qui sont redistribués aux investisseurs qui possèdent des parts dans la SCPI. Or, nombre de ces SCPI ont investi dans des locaux commerciaux ou de bureaux. La survie des SCPI semble donc compromise? Paul Bourdois s’est voulu rassurant: “Cela aura évidemment un impact. Mais il y a des réserves, il y a des garde-fous qui sont disponibles”. Il parle notamment du RAN, le report à nouveau. “Il équivaut, au cours d'une année considérée, au bénéfice ni distribué ni mis en réserve. Il peut être utilisé pour lisser de moins bons résultats observés au cours des années suivantes”, peut-on lire sur le site La Centrale des SCPI.

Paul Bourdois donne l'exemple de l'Epargne Foncière qui a 181 jours de réserves de loyers. "Mais cela dépend évidemment des SCPI". Le cofondateur de France SCPI nous précise qu'aujourd'hui il n'y a pas encore eu de demandes de la part des locataires pour suspendre les loyers. "S'il y a des demandes, elles seront étudiées et les SCPI pourront puiser dans le RAN".

Il a rappelé qu’en 2008, alors que le CAC 40 avait perdu plus de 40%, des SCPI n’ont reculé que de 5%. Et elles ont enregistré des rendements de 5,4%. "La SCPI est un actif sacrément défensif", précise-t-il à BFM Immo. Et il donne trois conseils importants avant d'investir, en ce moment, dans une SCPI : "Il faut vérifier la dilution géographie, que tous les biens ne soient pas dans la même région. Il faut être attentif à la dilution sectorielle, que tous les biens ne soient pas des commerces par exemple. Et évidemment, regarder le RAN".

Diane Lacaze