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Prix immobilier

A Paris, il faut l'équivalent de 14 ans de salaire pour acheter un trois pièces

Le marché parisien est surévalué selon UBS.

Le marché parisien est surévalué selon UBS. - Olivier Morin - AFP

Une étude publiée par la banque UBS analyse les prix des logements dans vingt grandes métropoles. Dans la capitale française, les prix sont de plus en plus déconnectés des revenus des habitants.

Paris est-elle en en surchauffe? Pour la banque suisse UBS, qui vient de publier son étude "Real Global Estate Bubble Index 2018" et qui analyse les prix des logements dans 20 métropoles des pays industrialisés, le constat est implacable. La capitale française est la ville d'Europe continentale où l'accession à la propriété est la moins abordable si l'on se réfère aux revenus de ses habitants.

"Paris connait les prix les plus prohibitifs d'Europe continentale", s'alarment ainsi les auteurs de l'étude. Selon leurs calculs, pour acheter un logement de 60 mètres carrés, un salarié qualifié du tertiaire doit y consacrer l'équivalent de 14 années de salaires. En 2008, il n'en fallait que 12. Seules deux villes se retrouvent devant la capitale française: Londres (avec 15 ans de salaires requis) et Hong Kong (22 ans). Paris a donc devancé Singapour où il faut dorénavant 12 années de salaires, contre 16 en 2008.

"La plupart des ménages ne peuvent plus acheter"

Les économistes de la banque suisse observent que, dans les 20 villes analysées, ce ratio entre les prix et le revenu médian est passé en moyenne de 5,5 en 2008 à 7,5 en 2018. Ce qui signifie d'après eux que, "sauf à bénéficier d'un héritage conséquent, la plupart des ménages ne peuvent plus se permettre d'acheter un logement dans un grand centre financier."

L'analyse de la banque suisse a toutefois ses limites puisqu'elle ne prend pas en compte avec cet indicateur la baisse des taux d'intérêt et le niveau d'endettement, qui sont également des éléments clés pour comparer la solvabilité des ménages.

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Paris surévaluée pour UBS

Quoi qu'il en soit, pour les experts de la banque helvète, la capitale française est de plus en plus surévaluée. Grâce aux conditions de crédit favorables, l'embellie du climat économique et l'attractivité de la ville dans la perspective du Brexit, le tarif pour un mètre carré s'est envolé, en particulier au cours des derniers trimestres. Sur un an à fin juillet, les prix des appartements anciens avaient encore bondi de 6,1%, selon les dernières données des notaires.

Or, si les prix des logements atteignent des sommets, les revenus et les loyers progressent à des rythmes beaucoup plus modérés. "Il semble improbable que la hausse des prix continue à ce rythme", prévient donc UBS.

Pas comparable à l'avant crise

Paris n'est pas la seule agglomération pointée du doigt par UBS. De premières fissures ont commencé à apparaître dans les villes les plus exposées à un risque de correction, comme à Stockholm, Sydney et Londres où les prix ont reculé l'an passé de 5% en termes réels (une fois pris en compte l'inflation) selon UBS.

Pour calmer la surchauffe, un alourdissement de la fiscalité ou un contrôle des loyers ont été introduits dans certaines agglomérations devenues trop chères. Le risque est alors que ces initiatives coïncident avec un durcissement des conditions de crédit et mettent un terme brutal au boom immobilier.

Selon les économistes d'UBS, la situation actuelle n'est cependant pas aussi alarmante qu'avant 2008. "Bien que de nombreuses métropoles soient exposées à un risque de bulle immobilière, la situation actuelle n' est pas du tout comparable à celle qui prévalait avant la crise", précise ainsi dans un communiqué Mark Haefele, chief investment officer chez UBS GWM. Les analystes de la banque invitent toutefois les acquéreurs à la prudence avant d'acheter un bien résidentiel dans une grande ville d'un pays industrialisé.

(Avec AFP)

Diane Lacaze