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Prix immobilier

Christian Noyer craint les effets d'une bulle immobilière

La hausse des prix, "source de malaise social", selon M. Noyer

La hausse des prix, "source de malaise social", selon M. Noyer - dr

La Banque de France alerte, à son tour, sur la possibilité d’une formation – et d’un éclatement – d’une bulle immobilière. Christian Noyer, gouverneur de l’établissement, s’en prend à nouveau aux banques, mais n’épargne pas non plus le gouvernement.

Le risque d’éclatement d’une bulle immobilière inquiète jusqu’aux autorités monétaires. Dans une lettre adressée en début de semaine à Nicolas Sarkozy*, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, met en garde contre « la hausse continue du prix des logements, [qui] crée un risque pour la stabilité financière si un ajustement brutal devait intervenir dans l’avenir ». On ne saurait être plus clair…

La faute aux banques ?

C’est la deuxième fois cette année que M. Noyer met en garde contre l’envolée des valeurs immobilières. Fin mars, dans un discours prononcé lors de la présentation du premier rapport annuel de l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP), qu’il dirige, le haut fonctionnaire s’était déjà ému la « forte hausse des prix », notamment dans le secteur résidentiel. Une hausse qu’il avait alors en partie imputée à l’action des banques, et aux « taux de crédit particulièrement bas » en vigueur depuis plusieurs mois. Les prêteurs en sont à nouveau pour leurs frais, accusés cette fois-ci de pratiquer « des conditions de crédit très allantes ». Plus généralement, c’est l’ensemble des « politiques d’action sur la demande » que le gouverneur condamne. « Les incitations fiscales et les soutiens au financement », qui ont « ont montré leurs limites » en contribuant « davantage […] à la montée des prix qu’à l’accroissement des volumes de construction ». Le gouvernement, qui a lancé en début d’année un nouveau prêt à taux zéro (PTZ+) destiné à soutenir la demande, notamment des classes moyennes, appréciera.

Soutenir l’offre, plutôt que la demande

Selon Christain Noyer, les solutions doivent au contraire être recherchées du côté de l’offre, seul un accroissement du nombre de logements disponibles permettant de modérer la hausse des prix. Sans donner trop de détail, le gouverneur préconise ainsi « un desserrement des contraintes de tous ordres – administratives, techniques – qui s’opposent aujourd’hui à l’expansion du parc immobilier ». Les mêmes pistes ont récemment été évoquées par le Centre d’analyse stratégique (CAS), organisme rattaché à Matignon et chargé d’éclairer le gouvernement dans la définition et la mise en oeuvre de ses orientations stratégiques en matière économique et sociale. Jugeant probable la formation d’une bulle immobilière en France, les économistes du centre ont récemment** mis en doute « les bénéfices potentiels d’un renforcement généralisé de la demande » de logements, plaidant pour « des réformes structurelles maîtrisées visant à dynamiser l’offre ou à réduire les freins à la mobilité résidentielle pour une allocation plus efficace du parc de logements ».

Malaise et rigidité

L’heure presse. Outre le risque sur « la stabilité financière », la lettre de Christian Noyer insiste sur le fait que la hausse des prix de l’immobilier « contribue à donner le sentiment d’une perte de pouvoir d’achat […], avive les revendications salariales » et « est source de malaise social et de rigidité économique car elle entrave la mobilité des personnes et aggrave les inégalités ».

*Lettre introductive au Rapport annuel de la Banque de France, document également adressé à Gérard Larcher et Bernard Accoyer, présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale

**In L’évolution des prix du logement en France sur 25 ans, note d’analyse publiée le 29 avril 2011

Emmanuel Salbayre