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Immobilier : La crise n'épargne pas le luxe parisien

Appartement avec terrasse vendu dans le 16e arrondissement

Appartement avec terrasse vendu dans le 16e arrondissement - Barnes International

Barnes note des baisses de prix parfois sensibles sur les biens familiaux ou les appartements le moins biens placés. Cette rationalisation pourrait attirer une nouvelle clientèle au cours des prochains mois.

L’immobilier haut de gamme parisien se rationalise. Dans une étude publiée jeudi, le réseau spécialisé Barnes International dit constater une concentration de la demande sur les biens de petite et moyenne surfaces, « avec des prix généralement inférieurs à deux millions d’euros ». Les appartements de plus de 200 m² n’ont plus la cote, pas plus que les hôtels particuliers, dont le groupe note qu’ils trouvent désormais « difficilement preneur », sauf au terme d’une importante décote.

10 000 à 25 000 €/m²

Ainsi, « les biens de qualité ou d’une superficie inférieure à 200 m² se vendent aux mêmes niveaux de prix qu’en 2012 », tandis que les grands appartements, comme ceux « qui comportent certains défauts (travaux à prévoir, emplacement en rez-de-chaussée ou au premier étage) enregistrent une décote de 15 à 20 % par rapport au prix de début 2012 ». Une dichotomie qui n’est pas sans rappeler celle évoquée récemment par les réseaux « traditionnels », Laforêt ou Century 21, par exemple.

Dans le détail, les biens dits « de qualité » se vendent à 10 000 €/m², rarement plus, sur la rive droite, et autour de 15 000 €/m² dans les coins les plus prisés de la rive gauche. Les biens considérés « d’exception » (terrasse, dernier étage, vue…), eux, se négocient autour de 18 000 € sur la rive droite et jusqu’à 25 000 € sur l’autre berge de la Seine.

Cette rationalisation devrait se poursuivre cette année. Sauf emballement des taux d’emprunt, Barnes estime que les prix devraient se maintenir pour les biens inférieurs à 2 millions d’euros et reculer légèrement (de 5 % au maximum) sur le segment des hôtels particuliers, maisons et appartements familiaux, « l’essentiel de la baisse ayant déjà été accepté par les propriétaires » en 2013.

Le luxe parisien devient « compétitif »

Si cette tendance témoigne d’un déclin certain du luxe parisien au détriment de son voisin londonien, par exemple, elle pourrait bien attirer de nouveaux candidats à l’achat en 2014. « Les prix parisiens comparés aux autres villes européennes deviennent compétitifs pour une certaine clientèle, surtout si celle-ci envisage d’acquérir à très long terme pour ne pas être pénalisée par la taxation des plus-values immobilières », peut-on lire dans la note.

Le secteur pourrait en outre bénéficier de l’agitation géopolitique : comme son concurrent Daniel Féau, qui constatait à l’automne dernier un afflux « d’acquéreurs provenant du Moyen-Orient et du Proche-Orient [fuyant] l’insécurité grandissante de la région », Barnes évoque aujourd’hui « une clientèle de riches Algériens, Libyens, Egyptiens, Tunisiens qui viennent s’ajouter aux Libanais toujours très présents en France », et devraient soutenir le secteur dans les prochains mois.

Quid de la clientèle française ? Contrairement à ce que certaines annonces ont pu un temps laisser penser, elle n’est pas totalement hors jeux. Il y a un an, en pleine affaire Depardieu, Thibault de Saint-Vincent, le président de Barnes, déplorait dans une tribune à LaVieImmo le départ des « capitaines d'industrie, [des] cadres dirigeants des entreprises, [des] sportifs de haut niveau, [des] plus hauts revenus, [des] plus grosses fortunes de notre pays mais aussi [de] quelques petits entrepreneurs et commerçants » vers « [la] Suisse, [la] Belgique, certaines villes phares des Etats-Unis, Londres aussi, [le] Maroc, le Canada ou encore […] Israël ». Malgré tout, et en dépit de « l'alourdissement massif et ciblé de la fiscalité mais plus généralement [du] mépris des entrepreneurs » déploré à l’époque par le dirigeant, Barnes a vendu en 2013 quarante biens parisiens à « des familles fortunées vivant en Province ou en région parisienne », attirées par la sécurité du placement.

Emmanuel Salbayre