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Immobilier : Les Notaires se font plus prudents sur les prix

Prix et variations annuelles à fin 2010 (CLIQUEZ POUR VOIR EN GRAND)

Prix et variations annuelles à fin 2010 (CLIQUEZ POUR VOIR EN GRAND) - Notaires de France / LaVieImmo.com

Les Notaires de France confirment l’hétérogénéité du marché immobilier français. La note de conjoncture dévoilée jeudi matin laisse entrevoir une poursuite de la hausse dans les grandes villes, Paris en tête, doublée d'« une stabilité, voire une baisse  » dans les zones moins recherchées.

Les Notaires affinent le trait, et confirment la perspective d’un atterrissage du marché immobilier ancien. Atterrissage en termes de volumes tout d’abord, puisque, sans aller jusqu’à pronostiquer « un retour aux niveaux de 2009 » (592 100 transactions), la note de conjoncture dévoilée jeudi matin prévient que le nombre de ventes signées sur l’ensemble de l’année n’égalera pas les 782 000 (+32 %) enregistrées en 2010.

Morosité... et baisse des prix

Côté prix, les estimations avancées en tout début d’année ont été revues en nette baisse, à la lumière des avant-contrats signés au premier trimestre et au mois d’avril. Ainsi, là où les Notaires penchaient en février pour une hausse de 3 à 5 % en province, hors grandes métropoles, ils anticipent désormais « une stabilité, voire une baisse des prix » sur un nombre croissant de marchés « gagnés par une certaine morosité en raison de la baisse du pouvoir d’achat » des acquéreurs. Cela serait même « particulièrement vrai pour le marché des résidences secondaires ou de tourisme, sauf pour le très haut de gamme ».

Les marchés « les plus recherchés », eux, devraient connaître une augmentation « significative et supérieure à 5 % », tirés par « la rareté des biens à vendre et [la] demande encore soutenue », poursuit la note. On est bien loin des 10 % de croissance anticipés il y a seulement trois mois... Plutôt que d’une révision à la baisse, Pierre Bazaille, président de l’Institut notarial de l’immobilier, préfère parler d’un « ajustement », après prise en compte des données fournies par la base d’avant-contrats. « Cette tendance est d’ailleurs conforme à ce qu’on a pu observer fin 2010 », confie-t-il à LaVieImmo.com. Le gros de la hausse des prix a eu lieu au cours des trois premiers trimestres de l’année, pas au dernier ».

Les 8 000€/m² en vue à Paris

Il n’y a guère que dans quelques grandes villes que la hausse pourrait rester franche. La note cite Lyon, Bordeaux, Lille, ou Montpellier, et bien évidemment Paris, où, « après une petite hésitation en tout début d’année, on a assisté à une reprise des volumes de transactions en mars-avril », constate Me Bazaille. Selon lui, le prix du mètre carré intra-muros devrait franchir le seuil des 8 000 euros avant la fin du deuxième trimestre, en hausse de près de 10 % par rapport aux 7 330 euros enregistrés à fin 2010.

On retrouve le « marché en peau de léopard » évoqué le mois dernier par Laurent Vimont, président de Century 21. Dans un entretien à LaVieImmo.com, le dirigeant du réseau expliquait qu’il n’y avait pas un seul marché immobilier français mais « une somme de micro-marchés, connaissant des variations en dents de scie - prix et volumes de transactions s’ajustant en permanence au niveau de la solvabilité des acquéreurs ».

Trop d’incertitudes

Prudents, les Notaires reconnaissent que le jeu des prévisions est très aléatoire. « A ce stade de l’année, trop d’incertitudes pèsent encore sur le marché pour donner des perspectives », explique la note. Ces « incertitudes », on s’en doute, portent avant tout sur l’ampleur et les répercussions du mouvement de remontée des taux d’emprunt, mais aussi sur l’impact des programmes des différents candidats à l’élection présidentielle de 2012, et sur les effets de l’éventuelle augmentation de l’impôt sur les plus-values immobilières, envisagée dans le cadre de la réforme de l’ISF. « En raison de l’ensemble de ces paramètres, il est actuellement très difficile de faire des prévisions précises au-delà du premier semestre. On en saura plus au cours des prochaines semaines », reconnaît Pierre Bazaille. Le rendez-vous est pris en juillet pour la prochaine note de conjoncture immobilière des Notaires – et peut-être un nouvel abaissement de leurs prévisions.

Emmanuel Salbayre