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Prix immobilier

Immobilier : Les prix baissent (déjà) en province

Selon Me Bazaille, "le nombre de marchés baissiers progresse depuis le début de l’année"

Selon Me Bazaille, "le nombre de marchés baissiers progresse depuis le début de l’année" - Fotolia

Les prix de l’immobilier marquent le pas. En province, ils ont reculé de 0,1 % entre le premier et le deuxième trimestre - une première depuis 2 ans. Pierre Bazaille, président de l’Institut notarial de l’immobilier, estime que cette tendance devrait se confirmer au cours des prochains mois. Pour l’heure cependant, c’est la réforme de la fiscalité des plus-values immobilières qui inquiète la profession.

Les prix des logements anciens montent encore – mais moins vite qu’auparavant. Selon les indices Insee–Notaires, dévoilés la semaine dernière, ils ont progressé de 7,7 % au deuxième trimestre, en variation annuelle. Une croissance toujours vive, donc, mais qui marque un net ralentissement après les 8,9 % du premier trimestre et les 9,7 % du quatrième trimestre de l’année dernière. Entre le premier et le deuxième trimestre 2011, les prix ne se sont appréciés que de 1 % en moyenne nationale, soit la progression la plus faible depuis le troisième trimestre 2009 (+0,1 %).

Décrochage en province

« Ces derniers chiffres le confirment : nous sommes en train d’assister à un assagissement des prix, commente Pierre Bazaille, notaire dans la banlieue de Lyon et président de l'Institut notarial de l’immobilier (Indi). Et cet « assagissement » est d’autant plus net que la croissance observée reste largement insufflée par Paris et sa banlieue. La semaine dernière, la chambre des Notaires franciliens a annoncé que le mètre carré dans la capitale s’était négocié autour de 8 150 euros en moyenne au deuxième trimestre, en hausse de 22,5 % sur un an. Soit un nouveau record, en termes de niveau de prix comme de progression. L’Île-de-France dans sa globalité affiche un taux de croissance de 13,5 %. « Mais ce qui est intéressant, c’est la province, reprend Me Bazaille. C’est que le ralentissement est patent ». Les chiffres mis en ligne sur le site de l’Insee montrent que, hors Île-de-France, la croissance des prix n’est plus que de 4,3 % sur un an – deux fois moins forte environ qu’au quatrième trimestre 2010. Sur les trois derniers mois*, la variation est même légèrement négative (-0,1 %), pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2009.

On en saura plus à la mi-octobre, au moment de la publication de la prochaine note de conjoncture de l’Institut notarial de l’immobilier. « A priori, la tendance reste encore positive dans les agglomérations des grandes villes », estime Pierre Bazaille, les foyers de baisse restant pour le moment circonscrits aux villes de moindre importance et aux zones rurales. « Mais une chose est sûre : le nombre de marchés baissiers progresse depuis le début de l’année ».

La réforme des plus-values pourrait assécher le marché

Pour l’heure, le président de l’INI ne se risque pas à faire de prévisions de prix pour la fin de l’année. « Tout dépendra des effets du durcissement de la taxation des plus-values immobilières. Personne ne peut dire comment la réforme va influencer les décisions des ménages, ni s’avancer sur son impact en termes de prix ». Une seule certitude : l’annonce de la réforme et le doute qu’elle a suscité ont entraîné un gel momentané des mises en vente à la fin de l’été, période traditionnellement plutôt active sur le marché. « A court terme, on peut imaginer que les vendeurs vont se dépêcher de vendre, pour bénéficier de l’exonération d’impôt au bout de quinze ans de détention ». La nouvelle loi, qui repousse l’exonération à trente ans de détention, s’appliquera aux actes de vente signés après le 1er février 2012. Et donc aux promesses conclues après la première quinzaine de novembre, au plus tard. On pourrait donc assister à une agitation dans les deux prochains mois. Et après ? « Difficile à dire avec exactitude, amis il n’est évidemment pas exclu que la réforme incite les propriétaires à conserver leurs biens plus longtemps, afin éviter une taxation plus dure., poursuit Me Bazaille. Cela s’est déjà vu dans les années 1980 ».

Emmanuel Salbayre