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Prix immobilier

Interview de Jean-François Gabilla, président de la Fédération des promoteurs constructeurs

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La Vie Immobilière : Comment anticipez-vous l'évolution du marché immobilier à la suite de l'élection du président Sarkozy ? Jean-François Gabilla : Je me félicite du « tous propriétaires » avancé par Nicolas Sarkozy.

En février, la FPC avait en effet défendu auprès des candidats des propositions « pour une politique ambitieuse du logement », qui prônait l'idée que chaque Français soit propriétaire de son logement lors de son départ à la retraite. J'approuve également l'annonce d'une quasi-suppression des droits de succession, même si la demande de la fédération d'exclure la résidence principale de l'ISF ne semble pas avoir été retenue. Ces promesses, comme celle concernant la déduction des intérêts d'emprunt, ont généré un certain attentisme de la part des acquéreurs potentiels. Mais cette attitude ne s'est manifestée qu'à partir d'avril. Selon les premiers éléments dont je dispose, la conjoncture est restée bonne au premier trimestre, les résultats commerciaux des promoteurs étant même supérieurs à ceux du premier trimestre 2006. La Vie Immobilière : La mesure concernant la déduction des intérêts d'emprunt ne risque-t-elle pas de provoquer une nouvelle hausse des prix ? Jean-François Gabilla : Nous sommes prêts à travailler avec les responsables politiques pour la mise en place de cette disposition, dont l'impact sera très différent selon le public concerné. Nous estimons que son application doit être modulée selon les ressources des acquéreurs afin de cibler les catégories moyennes et les primo-accédants. Un gouvernement se doit d'avoir une politique du logement non inflationniste. Tous les professionnels poussent aujourd'hui à une évolution raisonnable des prix du marché, de l'ordre de 2 à 4 % par an. Les mesures adoptées devraient permettre de solvabiliser une clientèle nouvelle sans hausse plus prononcée des prix de vente. La Vie Immobilière : Approuvez-vous la remise à plat des dispositifs favorisant l'investissement locatif ? Jean-François Gabilla : Je ne suis évidemment pas opposé à tout ce qui peut permettre de gagner en lisibilité et en efficacité. Mais les dernières dispositions comme le Robien et le Borloo populaire ont moins d'un an et il faut peut-être un peu plus de recul pour juger de leur efficacité. Plus généralement, je considère qu'il ne faut pas traiter de la même façon sur le plan fiscal le neuf et l'ancien. Nous avons besoin de construire environ 450 000 logements par an. Sans différenciation, les investisseurs se reporteront sur l'ancien, ce qui ne fera qu'augmenter les tensions du marché locatif. La Vie Immobilière : Quelle solution préconisez-vous pour le logement social ? Jean-François Gabilla : Il faudrait renforcer les partenariats privé-public et inciter davantage les propriétaires-bailleurs à financer des logements dans le cadre du prêt locatif social (PLS), dont les avantages - notamment une TVA réduite à 5,5 % - peuvent se cumuler à ceux du Borloo neuf ; de 3 000 à 3 500 logements ont été financés de cette manière en 2006, il faudrait faire plus. Il est également nécessaire de libérer du foncier et d'accélérer les procédures pour rendre constructibles les terrains. Concernant le prêt locatif à usage social (Plus), la FPC a proposé la création d'un dispositif complémentaire permettant aux investisseurs privés de financer ce type de logements. Nous en discuterons avec les nouveaux responsables politiques en charge du logement. La Vie Immobilière : Pensez-vous que les difficultés actuelles du secteur immobilier aux Etats-Unis ou en Espagne peuvent se répercuter en France ? Jean-François Gabilla : Pour l'instant, il existe peu d'interférences car les structures de financement ne sont pas comparables. Aux Etats-Unis et en Espagne, 90 % des emprunts se font à taux variable. En France, le taux fixe est très nettement majoritaire, ce qui protège les emprunteurs dont les mensualités ne peuvent pas s'alourdir en fonction de la conjoncture. Le marché espagnol a en outre des caractéristiques propres. Le dynamisme de la construction - 700 000 logements par an, soit le total de ce qui est réalisé en France, en Italie et en Allemagne - est impressionnant et devrait décroître dans les prochaines années. Mais l'immobilier espagnol n'a pas un poids extérieur qui pourrait poser problème.

Propos recueillis par Françoise Rey

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