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Prix immobilier

L'immobilier donne du fil à retordre aux notaires franciliens

Les ventes remontent mais restent basses

Les ventes remontent mais restent basses - dr

Reprise des transactions, prix qui restent élevés... La dernière note de conjoncture des notaires de Paris - Île-de-France confirme le manque de tendance du marché. Amateurs de certitudes, passez votre chemin !

« Les crises immobilières se suivent et ne se ressemblent pas, contraignant les professionnels et les observateurs à la modestie et à la prudence ». Cette phrase, extraite de la dernière note de conjoncture trimestrielle de la chambre des notaires de Paris – Île-de-France, en dit long sur la taille des pincettes avec lesquelles les membres de la commission des statistiques eux-mêmes en sont réduits à manipuler leurs propres chiffres.

Un léger mieux... en trompe-l’œil

Présentée jeudi matin, la note évoque bien « un léger mieux » sur le front des volumes de vente, mais décrit dans le même temps une « reprise en trompe-l’œil » de l’activité dans la région. 42 320 maisons et appartements, anciens comme neufs, y ont changé de main au troisième trimestre, soit 14 % de plus qu’à la même de l’année dernière. Une hausse marquée, donc, mais qui « ne doit pas tromper, comme l’indique Frédéric Dumont, notaire à Montreuil et membre de la commission. Le troisième trimestre 2012, avec lequel on compare nos dernières données, était le plus faible en terme d’activité depuis 2000. La progression que nous observons ne nous permet en aucun cas de parler d’une reprise significative ».

De fait, si on rapporte les 42 000 et quelque ventes constatées aux 52 085 signées en moyenne au troisième trimestre de chaque année entre 1999 et 2007, période « dynamique » d’avant la crise, le secteur plonge de 19 %. Le constat est encore plus net à Paris intra-muros, qui totalise 7 750 ventes au troisième trimestre, en hausse de 13 % sur un an mais en repli de 28 % par rapport à la fameuse « période haute ».

Un ajustement lent et graduel

Le même flou règne du côté des prix. La présentation des chiffres du deuxième trimestre, mi-septembre, avait été l’occasion pour les représentants de la chambre de mettre en garde contre la fiabilité d’indices calculés sur un nombre très restreint de transactions. Le conseil vaut toujours, et la « légère hausse des prix des logements anciens » évoquée dans la note, de 1,1 % en données brutes entre les deuxième et le troisième trimestres, ne convainc guère.

« En données CVS*, la variation est légèrement négative, à hauteur de 0,3 % », précise Thierry Delesalle, notaire dans le 1er arrondissement et président de la commission. En variation annuelle, la baisse atteint 1,2 %, confirmant, semble-t-il, « le scénario graduel et lent d’ajustement » décrit depuis plusieurs semestre. Les indicateurs avancés sur les avant-contrats laissent ainsi entrevoir un m² autour de 8 200 € à Paris et 5 370 € dans les Hauts-de-Seine, contre respectivement 8 260 et… 5 370 € à fin juillet.

Dans ce contexte, difficile de se livrer à l’exercice des prévisions. « On a l’habitude de dire que l’année immobilière se fait au troisième trimestre… », poursuit, dubitatif, Me Delesalle. Le marché devrait se maintenir sur son plateau de résistance, avec des volumes contraints et des prix, au mieux, en légère baisse ». Jusqu’à quand ? Difficile à dire, pour le moment…

*corrigées des variations saisonnières

Emmanuel Salbayre