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Prix immobilier

La crise n'a pas stoppé pour l'instant l'envolée des prix immobiliers dans les grandes villes

A Nantes, les prix grimpent de 12,2% sur un an

A Nantes, les prix grimpent de 12,2% sur un an - JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Le tarif du mètre carré bondit encore de plus de 7% sur un an dans la moitié des villes de plus de 100.000 habitants.

Pas de coup d'arrêt sur les hausses de prix. Si la crise sanitaire et le confinement ont fait chuter le volume des transactions, les prix au mètre carré résistent. Ils continuent même de progresser fortement. Fin juillet, le tarif moyen du m2 dans l'ancien s'élevait à 3.754 euros (prix signés). Soit une hausse de 2,1% sur 3 mois et de 5,2% sur un an, selon le dernier baromètre LPI-SeLoger publié ce jeudi.

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"Depuis le début de la crise actuelle, la hausse annuelle des prix se maintient donc à plus de 5%. Et aucun mouvement de baisse générale ne se dessine", analyse Michel Mouillart, porte-parole du baromètre. "D'ailleurs, les prix n’ont reculé en juillet que dans 5% des villes de plus de 100.000 habitants", souligne-t-il. Inversement, plus de la moitié de ces grandes villes affichent une progression des prix de plus de 7%. Et dans un tiers de ces communes de plus de 100.000 habitants, la hausse atteint même plus de 9% sur un an. L'offre de biens en vente reste bien inférieure à la demande pour le moment. "Les tensions sur les prix restent donc vives et elles se sont même renforcées en juillet", estime Michel Mouillart.

Les prix progressent ainsi de 12,7% sur un an au Havre (à 2.239 euros), de 12,2% sur un an à Nantes (à 4.066 euros), de 12,1% à Saint-Etienne (1.526 euros), de 11,5% à Lyon (5.536 euros) ou encore de 9,3% à Marseille (3.465 euros) et de 6,5% à Lille (3.459 euros). A Bordeaux en revanche, les prix sont relativement stables (+0,9% entre juillet 2019 et juillet 2020).

Le tarif du mètre carré est en revanche en repli dans certaines villes moyennes comme Dunkerque (-4,9% sur un an à 1.618 euros), Tourcoing (-13,3% à 2.245 euros), Evreux (-4,9% à 1.445 euros) ou Fréjus (-3% à 3.039 euros). A noter également la flambée de Calais: +13,4% sur un an à 1.632 euros.

Coup d'arrêt à Paris au cours des derniers mois

Dans la capitale, si la hausse des prix ralentit nettement, ils sont encore en augmentation de 4,5% sur un an. Le mètre carré se négocie désormais à 10.656 euros. Et il ne reste que six arrondissements avec un prix moyen inférieur à 10.000 euros le mètre carré: le 10ème, le 12ème, le 13ème, le 18ème, le 19ème et le 20ème. On notera toutefois un élément marquant: si le tarif du mètre carré continue d'augmenter sur un an dans la Ville lumière, les prix sont en net repli (-4,2%) au cours des trois derniers mois.

"Si la hausse des prix ralentit sur Paris, cela ne fait que confirmer une évolution amorcée dès l’été 2017. Et cette année encore, comme cela est fréquent durant l’été, les prix signés reculent pour le deuxième mois consécutif, principalement dans les arrondissements parmi les plus chers", juge Michel Mouillart.

Vers une explosion du chômage

Et pour les mois à venir ? Globalement, la perte d'activité ne sera pas rattrapée en matière de transactions. "La crise a déjà privé le marché de 18% de son activité annuelle", estime Michel Mouillart, alors que 45% des ventes ont lieu habituellement entre les mois de mars et de juillet. Pour autant, les prix sont portés par des conditions de crédits toujours exceptionnelles. Et si les banques resserrent la vis sur les conditions pour obtenir un prêt, cela favorise les profils les plus aisés qui achètent des biens plus chers. Là encore tout dépendra de l'évolution de l'offre et de la demande. Or, l'explosion du chômage devrait mécaniquement peser sur cette dernière dans les mois à venir. Mais rien ne dit que l'offre de biens à vendre ne diminue pas également en parallèle.

Michel Mouillart, lui, ne croit pas à un scénario avec un krach sur les prix au cours des prochains mois. "Il est toujours improbable que, dans la plupart des grandes villes, l’indice des prix des logements anciens recule en 2020: il faudrait une chute de plus de 9 % des prix d’ici décembre pour que l’indice des prix n’affiche aucune hausse en 2020 (respectivement, un effondrement de plus de 16 %, pour une baisse de 3 %). D’ailleurs, ni les baisses de revenus attendues dans le sillage de la crise sanitaire, ni les restrictions de l’accès au crédit imposées par la Banque de France ne pourraient produire cela : et certainement pas dans les grandes villes", juge-t-il.

>> Tous les prix du baromètre dans plus de 120 villes sont à retrouver ici.

Jean Louis Dell'Oro