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Le nombre de meublés mis en location à Paris explose et les loyers flanchent

Les loyers des meublés sont en baisse à Paris

Les loyers des meublés sont en baisse à Paris - Joel Saget - AFP

Avec la chute des locations touristiques et les nombreux étudiants rentrés chez leurs parents, l'offre de meublés dans la capitale a bondi.

Touristes absents, étudiants chez leurs parents, cadres au vert... Sous l'effet de la crise liée au coronavirus, les loyers des meublés à Paris commencent à montrer des signes de fléchissement, du jamais vu dans la capitale.

Sur un an, le prix des locations meublées a enregistré à fin février une baisse de 1,1% à Paris et le nombre d'annonces a triplé, avec une hausse de 204,8%, selon des données communiquées par le site SeLoger.com à l'AFP. Des données qui vont dans le sens d'une autre étude publiée récemment par LocService, spécialiste de la location en ligne entre particuliers. Les loyers des studios (meublés ou non) dans la capitale baissent ainsi depuis le début de l'année, passant en moyenne à 864 euros, soit un recul de 1,93% par rapport à janvier où ils s'affichaient à 881 euros en moyenne.

"Quand, sur un parc de 500.000 logements, vous avez 20% du parc (celui des meublés, NDLR) qui se retrouve sur un segment économique chahuté et qui prend une décision de réorientation, ce n'est pas anodin", explique à l'AFP Jean-Marc Torrollion, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim). Selon lui, "il y a de premiers ajustements de loyers qui se font sur les petits logements", mais pour l'instant il est trop tôt pour les chiffrer.

Boom des meublés avec le déclin d'Airbnb

A Paris, 500.000 logements font partie du secteur locatif privé dont 110.000 en meublés, la part de ce segment ayant considérablement augmenté pour passer de 14% en 2006 à 22% en 2017, selon des données de la Fnaim.

Cette croissance a été poussée par l'éclosion des locations de meublés touristiques (de type Airbnb ou Abritel) mais aussi par le choix de nombreux cadres de louer un pied à terre parisien pour laisser leur famille à la campagne. Désormais, "la sélection naturelle s'opère entre la qualité des biens et certains (propriétaires, NDLR) sont en train de corriger certains effets excessifs d'un marché manifestement déséquilibré", ajoute Jean-Marc Torrollion.

Chez Imodirect, près de la moitié des meublés était louée avant la crise comme pied à terre à des cadres, selon Arnaud Hacquart, le président de cette agence spécialisée dans la gestion locative. "Aujourd'hui, si on met le bien au loyer plafonné, on ne loue plus" explique-t-il.

Pour les meublés à Paris, un dispositif de plafonnement des loyers prévoit un loyer de référence et un loyer majoré en fonction de différentes prestations (cave, vue, terrasse...)

Des locataires qui ont désormais le choix

En janvier, M. Hacquart a envoyé une lettre à ses propriétaires parisiens pour les mettre en garde sur l'inversion des courbes de l'offre et de la demande à Paris, les inviter à "opérer une baisse significative du montant du loyer proposé". "Il y a un an, au bout d'une demi-journée on était obligés de retirer l'annonce" devant l'afflux de demandes, "maintenant si on ne baisse pas le prix on n'a pas de demande". Selon lui, "c'est inédit". Aujourd'hui, "les locataires ont le choix, ils prennent leur temps, ils analysent, disent 'il y a une vue sur un cimetière, je ne prends pas', ce sont des choses qu'on n'entendait pas avant", ajoute-t-il.

Certains propriétaires doivent consentir jusqu'à 20% de baisse s'ils ne veulent pas garder leur bien sur les bras, alors que les crédits et les charges continuent à courir.

C'est le cas pour ce propriétaire d'un 47m2 dans le 17e arrondissement de Paris loué jusqu'en octobre 1.700 euros et passé en janvier à 1.400 euros. "C'était un investissement plutôt sûr. Je n'avais pas imaginé il y a quelques années me retrouver dans cette situation à Paris", explique-t-il à l'AFP sous couvert d'anonymat.

Un phénomène qui touche moins les logements vides

Chez Book-A-Flat, en un an l'offre d'appartements meublés a augmenté de 60% et est "supérieure à la demande, du jamais vu" à Paris, expliquait mi-mars Stanislas Couteaux, co-fondateur de cette agence spécialisée dans la location de biens haut de gamme.

Et certains propriétaires "qui se sont endettés, attirés par la rentabilité" des locations touristiques, "soit reviennent sur le marché classique, soit mettent en vente", commente-t-il précisant que sur quelque 3.000 biens gérés par son agence, une centaine sont des meublés touristiques revenus sur le marché de la longue durée. Sur les deux premiers mois de l'année, les loyers des meublés qu'elle gère ont baissé de 7%, ajoute-t-il.

Le phénomène d'érosion des loyers ne touche cependant pas les biens loués vides car, selon les professionnels, entre confinement et télétravail, les locataires ont besoin de se sentir chez eux, avec leurs propres meubles et leur décoration.

(Avec AFP)

J.L. D.