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Logement : Les associations mettent Hollande au défi

L'immeuble du 24, rue Saint-Marc dans le 2ème

L'immeuble du 24, rue Saint-Marc dans le 2ème - Google Street View

Jeudi Noir et l’association Droit au Logement (DAL), qui occupent un immeuble vacant de 1 500 mètres carrés en plein cœur de Paris, appellent le gouvernement à tenir ses engagements contre le mal logement.

Les associations de lutte contre le mal logement démarrent les hostilités ! Alors que le projet de loi sur le logement social est examiné cet après-midi au Sénat, Jeudi Noir et l’association Droit au logement (DAL) ont annoncé qu’ils occupaient depuis vendredi dernier l’immeuble situé au 24, rue Saint-Marc, dans le 2ème arrondissement de Paris.

D’une superficie de 1 500 mètre ce « bel immeuble », propriété du groupe d’assurance Allianz, est « vide depuis deux ans », précisent les galériens du logement. Début 2011, le collectif s’en était déjà pris à un autre assureur, AXA, dont ils avaient occupé un immeuble de bureaux de la rue Matignon, dans le 8ème arrondissement, vacant depuis quatre ans.

Le symbole est d’autant plus fort que la ministre du Logement, Cécile Duflot, a réaffirmé la semaine dernière l’urgence qu’il y avait à mobiliser les investisseurs institutionnels pour lutter contre la crise immobilière.

Fenêtres ouvertes, chauffage allumé

Non sans humour, les deux associations ont d'ailleurs inauguré ce matin le ministère de la Réquisition, successeur de l'ancien ministère de la Crise immobilière, créé en 2009 par le DAL. « Nous appelons également ce ministère « le zinzin » », confie à LaVieImmo.com Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole du DAL. Une référence aux fameux investisseurs institutionnels, bien sûr, mais aussi au fait qu' « il faut être zinzin pour laisser un tel immeuble inoccupé, toutes fenêtres ouvertes et chauffage allumé, comme nous l'avons trouvé en entrant dans les lieux ».

Les deux associations demandent la réquisition de 100 000 logements en France, pour loger 300 000 personnes d'ici l'hiver.

« La moitié du gouvernement nous soutenait avant d'être aux commandes »

Pour l’heure, huit familles avec enfants et une dizaine de militants Jeudi Noir sont sur place, mais « le nombre d’occupants va augmenter dans les prochaines heures », affirme Jean-Baptiste Eyraud.

L’opération, qui vise à rappeler aux pouvoirs publics l’urgence de la situation, fait aussi figure de véritable « test pour le nouveau pouvoir et la gauche », expliquent les militants dans leur communiqué. « Oseront-ils procéder à des expulsions de mal-logés qu’ils dénonçaient vigoureusement voici quelques mois quand elles étaient menées par la droite ? », s’interroge Jeudi Noir. Manuel Domergue, porte-parole du collectif, nous explique que « la moitié du gouvernement nous soutenait dans notre combat avant d’être aux commandes. On va voir s’ils ont changé aujourd’hui ».

On se souvient notamment que Cécile Duflot, Benoît Hamon, ministre délégué en charge de l'Economie sociale et solidaire, Aurélie Filipetti (Culture) et Thierry Repentin (Formation professionnelle) avaient tous témoigné leur soutien à Jeudi Noir pendant l'occupation de la rue Matignon. Celle-ci s'était soldée par l'expulsion des occupants après un mois et demi environ. Pour l'heure, ni le gouvernement ni Allianz ne se sont manifestés.

Léo Monégier et Emmanuel Salbayre