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Loi Alur : La colère monte chez les agents immobiliers

Fnaim et Unis haussent le ton

Fnaim et Unis haussent le ton - dr

Les professionnels reprochent à Cécile Duflot d’avoir « jeté le discrédit » sur eux. En signe de protestation, ils ont suspendu leur participation à la mise en place de l’observatoire des loyers.

Le torchon brûle entre le gouvernement et les professionnels de l’immobilier. Un peu plus d’une semaine après la publication dans la presse des premières mesures du projet de loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) que Cécile Duflot présentera mercredi prochain en Conseil des ministres, ces derniers s’estiment trahis et sont décidés à le faire savoir.

LeMonde.fr révèle vendredi que « les agents immobiliers ont décidé de suspendre leur participation à la mise en place d'un réseau d'observatoires des loyers, indispensable à l'encadrement de ceux-ci, que veut mettre en place le gouvernement ». Une décision en guise de mesure de rétorsion, qui a pour effet de bloquer l’élaboration de l’une des mesures phares promise par le gouvernement l’année dernière, dont l'objectif final est d'établir un référentiel des loyers ciblés, quartier par quartier.

« Le 14 juin, j'ai décidé de suspendre l'envoi de nos données aux observatoires des loyers et j'ai écrit aux présidents des dix-huit sites pilotes des observatoires des loyers pour leur dire : puisque c'est comme ça, on suspend les observatoires, explique au quotidien Jean-François Buet, le président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim). On verra si la ministre revient vers nous ».

« Pas la sécurité sociale du logement »

Contre toute attente, ce n’est pas tant le contenu du projet de loi que la manière dont il a été présenté qui froisse la Fnaim et son alliée, l’Union des syndicats de l'immobilier (Unis). « Huit mois durant, nous avons travaillé avec la ministre, lui faisant part de nos pistes de réflexion pour réformer la profession. Il n’est pas acceptable que Madame Duflot reprenne à son compte certaines des propositions contenues dans notre livre blanc [document de travail publié en commun par la Fnaim et l'Unis en 2011, ndlr] et les utilise pour nous taper sur la tête », explique à LaVieImmo.com un Jean-François Buet « très en colère ». Les deux fédérations attendent que la ministre, qui « a jeté l’opprobre sur toute une profession, rétablisse la vérité en reconnaissant notre part de travail. Nous ne sommes pas des escrocs et cécile Duflot n'est pas le chevalier blanc des consommateurs ».

Sur le fond, « la réflexion doit se poursuivre sur certains points », ajoute Jean-François Buet. En particulier sur la question des frais d'agence pour location. Le texte, tel qu'il a été présenté, prévoit de limiter la participation des locataires aux frais de réalisation de l’état des lieux et de rédaction du bail. « On ne peut pas d’un côté demander aux professionnels d’être plus compétents, mieux formés et de participer à l’encadrement des loyers et leur dire de l’autre qu’ils seront moins payés, conclut-il. Nous ne sommes pas la sécurité sociale du logement ! »

Emmanuel Salbayre et Léo Monégier