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Prix immobilier

Un immeuble de 75 millions d'euros saisi avenue Foch ?

L'avenue Foch, dans le 16ème arrondissement

L'avenue Foch, dans le 16ème arrondissement - dr

Dans le cadre de l’enquête sur les « biens mal acquis », l'hôtel particulier du fils du président de la Guinée, dans le 16ème arrondissement de Paris, fait l’objet d’une perquisition depuis mardi. Le bien est valorisé entre 60 et 75 millions d’euros.

5 000 mètres carrés habitables à quelques pas du rond-point des Champs-Elysées. La simple lecture, dans la presse, du descriptif du « pied-à-terre » parisien de Téodorin Obiang, l’un des fils du président de la Guinée équatoriale, perquisitionné depuis mardi, a de quoi faire tourner la tête.

La caverne d’Ali Baba

Haut de six étages, cet hôtel particulier sis 42 avenue Foch, au nord du 16ème arrondissement, comporte pas moins de cent-une pièces. Le Parisien le présente comme « une véritable caverne d’Ali Baba », avec salon de coiffure, hammam, jacuzzi, salle de sport, dressing. Le tout meublée et décorée exclusivement avec des « pièces de collection », et tellement vaste que l’opération policière pourrait bien s’étaler « jusqu’à la fin de la semaine », selon une source proche du dossier citée par le quotidien.

Pas moins de 60 millions d’euros

Pas la peine d’attendre aussi longtemps, cependant, pour savoir que l’immeuble vaut, à lui tout seul, une petite fortune. Au prix moyen du mètre carré constaté dans le quartier, l’un des plus chers de l’ouest parisien, le bien est valorisé à environ 50 millions d’euros. Il en vaut sans aucun doute beaucoup plus.

Difficile de faire une estimation précise, car l’hôtel particulier est actuellement occupé par un seul propriétaire. Or s’il était mis sur le marché aujourd’hui, ce serait plus probablement à la découpe, à raison d’un ou deux appartements par étage. Et donc à un prix nettement plus élevé. « A ce niveau de l’avenue Foch, où les logements sont rares et très prisés, les transactions ne se nouent pas à moins de 12 000 euros du mètre carré », indique un agent immobilier du quartier. « Dans ce cas précis, avec un immeuble situé du côté ensoleillé de l'avenue, on peut imaginer qu’on serait plus proche des 15 000 euros, selon l’état général du bien et l’ampleur des éventuels travaux de rénovation ». Soit une fourchette de 60 à 75 millions d’euros.

Aucune certitude quant à une vente

La perquisition a lieu dans le cadre de l’affaire des « biens mal acquis », et de l’enquête ouverte en décembre 2010 par les juges Roger Le Loire et René Grouman sur les patrimoines immobiliers et mobiliers de certains chefs d’Etat africains en France, dont Teodoro Obiang Nguema. « Si M. Obiang est mis en examen et que les juges le condamnent, on peut imaginer que la justice confisquera ses biens, explique Maud Perdrière-Vaissière, déléguée générale de l’ONG Sherpa, active dans les affaires de biens mal acquis. Mais si une saisie est ordonnée par les juges, celle-ci a avant tout un caractère confiscatoire. Le temps de l’enquête, pour s’assurer que le bien ne fera pas l’objet d’aucune aliénation [revente, donation, etc, NDLR] », ajoute-t-elle. A ce stade, aucune certitude donc, quant à la revente du bien.

« Par le passé, un hôtel particulier ayant appartenu à Dan Etete [l’ancien ministre du Pétrole au Nigeria] avait été confisqué. Le produit de la vente était revenu au fisc français », poursuit Maud Perdrière-Vaissière.

Jusqu’à présent, les actifs confisqués dans le cadre de l’affaire des biens mal acquis ont représenté quelque 5 milliards d’euros, selon Sherpa.

Emmanuel Salbayre et Léo Monégier