BFM Immo
Crédit

Crédit immobilier: la porte risque de se refermer pour les jeunes et les ménages modestes

Les taux restent stables

Les taux restent stables - Philippe Huguen - AFP

Dans une étude, Meilleurtaux constate que le marché des crédits immobiliers se maintient en 2020. Mais certains profils sont de plus en plus mis en difficulté.

La casse sera-t-elle limitée en 2020? Dans une étude publiée cette semaine, le courtier Meilleurtaux constate que même si le marché a enregistré un effondrement des demandes de crédit immobilier sur la période du confinement, la demande reste forte. "Si on considère la période de janvier à août, malgré un confinement et un état des demandes quasi nul sur mars et avril, on enregistre une baisse de 18% 'seulement' par rapport à 2019". Hors renégociations, la baisse des dépôts de dossiers est encore moindre: -9% sur la période janvier-août entre 2019 et 2020.

Maël Bernier, directrice de la communication et porte-parole du courtier, tempère néanmoins: "Le dynamisme du mois de juin est historique avec une augmentation de 30% des dépôts de dossier en comparaison avec 2019. Cependant, les mois d'été et notamment août enregistrent une baisse des demandes d'acquisitions par rapport à 2019 qu'il faut surveiller".

>> Trouvez avec notre simulateur gratuit le meilleur taux pour votre crédit immobilier

Exclusion de certains profils

Ce qui inquiète particulièrement est la hausse des exclusions de certains profils. Ainsi, hors renégociation de crédit, environ 50 % des demandeurs de crédit immobilier ont moins de 35 ans et près de la moitié des foyers concernés gagnent moins de 3000 euros nets par mois. "Mais aujourd'hui, si plus de 35% des demandeurs dépassent les 33% d'endettement, seuls 16,9% des dossiers financés dépassent ces mêmes 33% d'endettement alors que les dernières recommandations du Haut Conseil de Sécurité Financières (HCSF) enjoignent de ne pas dépasser 15% (des dossiers financés, NDLR). Cela représente donc une pression directe pour les banques qui ferment leurs portes aux ménages les plus modestes et aux plus jeunes, qui n'ont pas d'épargne personnelle disponible pour diminuer l'emprunt et ainsi diminuer leur taux d'endettement", déplore Maël Bernier.

Il est en effet de plus en plus difficile d'emprunter sans apport personnel. Le courtier La Centrale de financement constate par exemple une nette progression de l'apport exigé par les banques. Le montant moyen de l'apport au niveau national dans ce réseau a progressé de 20% entre le deuxième trimestre 2019 et le deuxième trimestre 2020 pour atteindre 47.700 euros.

Explosion des refus de prêts

Résultat, comme chez son concurrent Vousfinancer, le taux de refus ou d'exclusion s'envole chez Meilleurtaux, passant de 9% au quatrième trimestre 2019 à plus de 16% au troisième trimestre 2020 (sur les dossiers sur 20 ans et plus).

Pour la fin de l'année, les incertitudes liées à l'épidémie continuent d'inquiéter. "Il est encore difficile d'avoir une idée de l'impact économique réel pour les entreprises qui vont devoir licencier. Le volume de potentiels acquéreurs va-t-il se maintenir?", se demande Meilleurtaux.

Diane Lacaze