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Immobilier: la hausse de la prime d'activité ne permet pas d'emprunter plus pour l'instant

La prime d'activité ne joue pas sur le pouvoir d'achat immobilier

La prime d'activité ne joue pas sur le pouvoir d'achat immobilier - Mychele Daniau - AFP

Pour les futurs propriétaires, la prime d'activité n'est pas prise en compte comme une hausse du revenu par les banques, révèle le courtier Vousfinancer. Par ailleurs, les propriétaires sont toujours pénalisés dans le calcul du montant de la prime par rapport aux locataires.

La prime d'activité n'est peut-être pas le coup de pouce espéré. Tout du moins pas pour tout le monde. 3,5 millions de foyers ont reçu la nouvelle prime d'activité dont 70.000 nouveaux bénéficiaires. Si cette prime est une bonne chose pour le pouvoir d'achat de ces ménages, elle ne jouera pas nécessairement en faveur de leur pouvoir d'achat immobilier.

En effet, les ménages qui ont un projet immobilier ne pourront pas utiliser cette hausse de revenus pour augmenter leur capacité d'endettement et donc emprunter plus, explique le courtier Vousfinancer. "Les banques que nous avons interrogées ont indiqué qu'à ce jour, elles ne prenaient pas en compte la prime d'activité", précise le courtier. Les raisons évoquées par les différents établissements sont les mêmes: "nous ne savons pas si la prime sera maintenue dans le temps", "nous ne prenons pas en compte les allocations versées par la Caf car en cas de perception à tort, elles sont susceptibles d'être reprises", "manque de visibilité sur sa pérennité"… Vousfinancer a calculé qu'un couple gagnant chacun le smic et bénéficiant d’une hausse de revenus de 100 euros par mois liée à la prime d’activité "aurait pu théoriquement emprunter 15.000 euros de plus sur 25 ans (188.300 euros contre 173.600 euros) soit un gain de pouvoir d’achat immobilier de 7 mètres carrés en moyenne (le prix médian en France étant de 2.060 euros par mètre carré selon les notaires)".

Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer, explique que "cette hausse de la prime d’activité a bien sûr comme vocation première de redonner du pouvoir d’achat aux Français. Mais pour ceux qui ont un projet immobilier, elle aurait pu permettre d’acheter une plus grande surface ou un logement plus près des centres-villes. Maintenant que cette prime peut représenter plusieurs centaines d’euros de revenus supplémentaires par mois, il faut espérer que d’ici quelques mois les banques acceptent de la prendre en compte, au moins en partie".

Etre propriétaire joue toujours sur le montant de la prime

Par ailleurs, la prise en compte du statut de locataire ou de propriétaire pour le calcul du montant est toujours d'actualité. "Cette prime au mode de calcul complexe versée par la Caisse d’allocations familiales tient compte des revenus du demandeur, de ceux de son conjoint, de la composition du foyer et des autres prestations déjà versées, mais aussi du fait qu’il soit propriétaire - hébergé à titre gratuit ou locataire", précise le courtier. Ainsi, certains ménages propriétaires peuvent ne pas y avoir droit alors qu'ils auraient été bénéficiaires s'ils avaient été locataires.

"Dans le calcul de la prime d’activité, le fait d’être propriétaire ou hébergé à titre gratuit donne les mêmes droits, ou pénalise les Français de la même façon. Or, la plupart de ceux qui ont acheté avec un revenu donnant droit à la prime d’activité ont dû le faire avec un crédit immobilier dont la charge financière peut être équivalente voire supérieure à un loyer ! Cela n’a donc pas de sens qu’ils soient pénalisés sur le montant accordé ou n’aient pas le droit à la prime d’activité... d’autant que ce sont souvent les mêmes que ceux qui n’ont plus le droit aux APL accession qui ont été quasi-supprimées depuis 1er janvier 2018", déplore Sandrine Allonier.

Elle donne comme exemples, réalisés avec un simulateur de la Caf, un couple salarié avec des revenus de 1.500 euros chacun, soit 3.000 euros à deux et 1 enfant de moins de 14 ans à charge. S'ils sont propriétaires ils n'ont pas droit à la prime, s'ils sont locataires la prime est de 142 euros par mois. Autre exemple : un célibataire salarié sans enfant avec 1.500 euros de revenus. S'il est propriétaire sa prime est de 60 euros par mois, s'il est locataire elle est de 126 euros.

Diane Lacaze