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Interview de René Pallincourt, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim)

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La déduction des intérêts d'emprunt pour l'acquisition d'une résidence principale ne risque-t-elle pas de renchérir encore les prix de l'immobilier ? René Pallincourt.

Cette mesure n'est pas inflationniste. Elle ne va pas bouleverser le marché immobilier, sur lequel elle n'a pas d'effet direct, car les banques n'en tiennent pas compte pour mesurer les ratios de solvabilité de l'emprunteur. Mais en libérant du pouvoir d'achat, elle va donner un coup de pouce bienvenu aux acheteurs qui favorisera plus la consommation (équipement, décoration) que la pierre elle-même. Elle aura en outre une durée limitée. Je me félicite que cette mesure ne se résume pas à une simple déduction fiscale mais prenne la forme d'un crédit d'impôt pour tous les acheteurs d'une résidence principale. Les personnes qui ne paient pas d'impôt direct pourront ainsi en bénéficier. Je regrette seulement qu'on ne tienne pas compte de la localisation du bien. Une sectorisation géographique permettrait de lisser les disparités de prix en région. L'effort d'acquisition n'est évidemment pas le même en Ile- de-France ou dans la Creuse. Nous déposerons donc un amendement parlementaire visant à définir des zones géographiques, comme c'est d'ailleurs le cas pour l'octroi du prêt à taux zéro (PTZ). Ne craignez-vous pas une remise en cause du prêt à 0 % ? La déduction des intérêts d'emprunt est parfaitement complémentaire du prêt à taux zéro. Lors d'un entretien à l'Elysée, j'ai insisté sur ce point et j'ai obtenu des assurances sur le maintien dans sa version actuelle de ce dispositif. Le PTZ est un prêt vertueux. Il peut être considéré comme un apport personnel de l'emprunteur et permet un différé d'amortissement, le prêt complémentaire pouvant être remboursé avant. En 2006, 120 000 PTZ ont été délivrés dans l'ancien. Ils ont fortement soutenu le marché en permettant le retour de primo-accédants, qui ont représenté 60 % des transactions. Faut-il remettre à plat les mesures fiscales concernant l'investissement locatif, comme l'a proposé Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle ? Sans incitations fiscales, il n'y a pas d'investissement locatif. Mais, aujourd'hui, il existe trop de dispositifs. Certains ne sont pas appliqués faute d'être connus, d'autres sont utilisés sans toujours tenir compte des vrais besoins locatifs. Compte tenu de cette hétérogénéité, chaque ministre du Logement ayant donné son nom à une loi - Borloo et Robien pour les plus récentes -, il serait souhaitable de refondre l'ensemble. Je propose de le faire dans le cadre d'un statut du bailleur privé, un statut simple et unique qui s'appliquerait à tous les bailleurs dans l'ancien et dans le neuf. Je suis persuadé qu'il existe un seul marché immobilier régi par les mêmes règles et non pas plusieurs qui fonctionneraient selon des modalités propres. Un tel statut permettrait de pérenniser un système équitable et lisible. C'est la position que je vais défendre auprès de Christine Boutin, la nouvelle ministre du Logement. Comment analysez-vous la conjoncture ? Le marché reste haussier, avec une progression légèrement supérieure à 5 % en rythme annuel. Comme nous l'avions prévu, c'est bien le scénario de l'atterrissage en douceur qui est en train de se vérifier. Pour autant, les fondamentaux qui soutiennent le marché sont bien orientés. Les taux d'intérêt sont à la hausse, mais ils restent à des niveaux acceptables, la déduction des intérêts d'emprunt compensant plus que largement le relèvement le 6 juin d'un quart de point, à 4 %, du taux de la Banque centrale européenne. En ce qui concerne le nombre de transactions, la période d'attentisme qui a accompagné la période électorale devrait se résorber rapidement avec la mise en oeuvre rapide des mesures que les acquéreurs potentiels attendent. Nous devrions revenir très vite à un flux d'environ 600 000 transactions par an.

Propos recueillis par Françoise Rey

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