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"Le gel des taux variables du Crédit Foncier n'est pas adapté aux difficultés des emprunteurs" (UFC-Que Choisir)

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Le 11 janvier, l’UFC Que Choisir apportait son soutien aux collectif de consommateurs s’estimant trompés par le Crédit Foncier de France, et relançait la polémique sur les emprunts immobiliers à taux variables.

Affirmant disposer « d’éléments tendant à démontrer que les consommateurs ont été trompés », l’association annonçait sa décision de saisir le procureur de la République du tribunal de grande instance de Paris contre le spécialiste des prêts immobiliers. Une semaine plus tard, le vendredi 18 janvier, la filiale du groupe Caisse d’Epargne décidait de plafonner les taux de 150 000 crédits à taux variables, à 5.75 et 6.50% selon les cas. Isabelle Faujour, directrice juridique adjointe de Que Choisir, revient pour Lavieimmo.com sur cette annonce, et explique pourquoi le geste du Crédit Foncier ne répond pas aux attentes de l’association de consommateurs.

Lavieimmo.com : Les « deux mesures exceptionnelles » annoncées vendredi par le Crédit Foncier de France vous satisfont-elles ?

Isabelle Faujour : Loin de là ! La réponse apportée n’est pas adaptée au problème qu’elle affirme résoudre. « Vous n’allez pas vous enfoncer plus » : voilà ce que le Crédit Foncier se contente de dire aux 150 000 ménages a qui il a accordé des crédits à taux variables. Or, plusieurs centaines d’emprunteurs ont subi une envolée de 20 à 40% de leur mensualité depuis la rentrée de septembre. Le gel des taux qui vient d’être mis en place va éviter une aggravation de l’endettement de ces personnes, mais il ne leur permettra pas de sortir d’une situation financière devenue très critique au fil des semaines. Sans parler des ménages contraints de revendre leur crédit à un autre établissement, et dont le cas n’est même pas abordé par le Crédit Foncier…

Nous sommes d’autant moins satisfaits que cette réponse, très incomplète, intervient après des mois d’attente. Le rapport de l’Afub* sur la situation des emprunteurs à taux variables a été publié à l’automne… Un trimestre pour un tel résultat, c’est une réelle déception !

Lavieimmo.com : Les taux sont plafonnés, n’est-ce pas ce que vous demandiez ?

Isabelle Faujour : Ce que nous voulons, c’est que les crédits soient appliqués tels qu’ils ont été compris par les emprunteurs – et vendus par les conseillers du Crédit Foncier. Que les taux soient capés maintenant, ça n’est pas suffisant : il faut qu’ils le soient au niveau promis au moment où l’emprunt a été contracté, soit à un niveau supportable pour les emprunteurs.

Lavieimmo.com : Ne pourrait-on pas reprocher aux emprunteurs du collectif d’avoir ignoré les risques inhérents au crédit à taux variables ?

Isabelle Faujour : Attention à ne pas se tromper de combat : nous ne partons pas en guerre contre le crédit à taux variables mais contre les pratiques commerciales du Crédit Foncier, qui a manifestement vendu des crédits non capés - produits très complexes, pratiquement incompréhensibles pour des profanes - en les présentant comme sécurisés.

L’UFC Que Choisir a reçu des centaines de plaintes d’emprunteurs qui se croyaient protégés et n’ont pas compris l’augmentation soudaine, et brutale, de leur mensualité. Ces témoignages concordants prouvent qu’on n’a pas affaire à des dérapages isolés de la part de quelques conseillers, mais bien à une politique très active d’incitation à la souscription. Pour nous, la volonté de tromper le consommateur sur la nature exacte du prêt est manifeste. Les autres établissements bancaires ne sont d’ailleurs pas mis en cause dans cette affaire. Pas de la même manière en tout cas.

Lavieimmo.com : Que comptez-vous faire maintenant ?

Isabelle Faujour : Nous allons continuer à nous battre pour obtenir un règlement équitable pour l’ensemble des victimes. Dans un premier temps nous allons demander une négociation collective et un accord cadre. Quoi qu’il arrive, nous maintenons notre plainte.

*Association française des usagers de banque

Propos recueillis par ES

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