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Les taux des crédits immobiliers vont-ils tomber encore plus bas?

Les taux immobiliers sont au plus bas.

Les taux immobiliers sont au plus bas. - Mychele Daniau - AFP

Les taux immobiliers ont d'ores et déjà atteint un plus bas historique. Mais pour la première fois de son histoire, la France emprunte sur 10 ans à des taux négatifs.

Depuis le mois de mai, les Français n'ont jamais emprunté aussi peu cher et cela pourrait durer. Le taux d'emprunt d'État à 10 ans est tombé, le 18 juin, sous la barre des 0% (à -0,002%) sur le marché secondaire (c'est-à-dire lorsque les investisseurs s'échangent des obligations déjà émises par l'Etat). Une première dans l'histoire de la France. Le dernier record en date était de 0,10% en juillet 2016, une année où les taux des crédits immobiliers avaient atteint des niveaux planchers inédits à l'époque (en novembre plus précisément).

Les OAT, obligations assimilables du Trésor, sont des emprunts que l'Etat français émet pour financer ses besoins. Or, ces OAT servent de référence pour tout le marché du crédit, en particulier immobilier, qui suit globalement la même tendance. D'ailleurs, "les banques, qui disposent de liquidités plus ou moins importantes selon les établissements, ont la nécessité de les placer… Le faire auprès de la Banque centrale européenne, à taux négatifs, n’a aucun intérêt si ce n’est le très faible niveau de risque proposé, et représente même une charge pour les banques. Elles préfèrent donc placer leurs liquidités en prêtant aux particuliers d’autant qu’en France, le taux de défaut sur les crédits immobiliers est le plus faible d’Europe (0,1% de crédits impayés). Et même si la rentabilité des crédits est faible, elle reste positive", analyse le courtier Vousfinancer.

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La bataille du crédit se poursuit

Quelle sera donc la conséquence pour les emprunts immobiliers? "Avec ce taux de rendement des OAT 10 ans devenu négatif, on est actuellement en terre inconnue… Pour rappel, on s’attendait à une remontée des taux en 2019 ! Dans ce contexte, il est très difficile de faire la moindre prévision sur l’évolution des taux à moyen terme. Mais une chose est sûre : le crédit immobilier est plus que jamais stratégique pour les banques, car c’est un moyen rentable et peu risqué de placer leurs liquidités, d’autant qu'aujourd’hui elles n’ont que très peu d’autres alternatives", précise Jérôme Robin, directeur général de Vousfinancer.

Ce dernier estime que tant qu’il n’y aura pas de marchés offrant un meilleur couple rendement-risque que le crédit immobilier, la bataille du crédit se poursuivra, avec des baisses de taux à la clé, pour les meilleurs profils notamment. "Même si à ce jour le potentiel de baisse reste tout de même limité".

Des baisses en septembre?

Sandrine Allonier, la porte-parole du courtier, nous précise: "En été, dès la mi-juillet, les délais de traitement s'allongent en raison des congés, aussi bien du côté de l'acceptation du dossier par Crédit Logement que du côté des banques. D'autant qu'actuellement le nombre de dossiers est important. Pour autant, les banques n'augmentent pas systématiquement leurs taux pour réguler le flux. Cette année, cela semble exclu compte tenu de la nouvelle baisse de l'OAT". Traduction : les particuliers qui veulent emprunter ne devraient pas constater de hausse de taux pendant l'été. Et Sandrine Allonier poursuit: "Les taux devraient rester très bas jusqu’à la fin de l'année au moins. Même si le potentiel de baisse est désormais limité, les banques pourraient encore légèrement baisser leurs taux. Peut-être de 0,10 point mais plutôt en septembre, mois traditionnellement riche en transactions immobilières".

Chez Vousfinancer, les taux de crédit atteignent en moyenne 1,25 % sur 15 ans, 1,45 % sur 20 ans et 1,65 % sur 25 ans. Mais pour les meilleurs profils, les taux peuvent être de 0,3 % sur 7 ans, 0,5 % sur 10 ans, 0,6% sur 15 ans, 0,8 % sur 20 ans et 1,1 % sur 25 ans.

"Déjà sur certains très bons dossiers, nous arrivons à négocier jusqu’à 0,70% sur 20 ans dès ce mois de juin", constate également de son côté Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi.

Diane Lacaze