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Limiter l'endettement des emprunteurs immobiliers à 33% est une fausse bonne idée

Le taux d'endettement des ménages varie aujourd'hui entre 25 et 45%.

Le taux d'endettement des ménages varie aujourd'hui entre 25 et 45%. - Pixabay / stevepb

VIDEO Les autorités réfléchissent à imposer aux banques de limiter l'endettement des ménages ayant un crédit immobilier à 33%. Mais cette mesure pénaliserait des ménages aisés, sans pour autant protéger les plus modestes. Explications.

Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) se réunit ce jeudi soir et doit formuler des recommandations pour assurer la solidité des banques en période de taux bas voire négatifs. Le gouvernement doit trancher dans la foulée. Parmi les idées qui circulent autour du crédit immobilier, il y en a deux marquantes.

La première serait d'imposer un taux d'intérêt plancher, autrement dit un taux au-dessous duquel les banques ne pourraient pas prêter, histoire de les "contraindre" à préserver leurs marges sur le crédit immobilier. L'idée c'est que même si ce n'est pas pour tout de suite, le jour où la BCE remontera ses taux, il ne faudrait pas que les banques se retrouvent piégées avec des crédits avec des taux fixes historiquement bas qui finiront par leur coûter de l'argent. D'où, donc, cette piste qui consisterait à imposer aux banques un taux minimum. Pour autant, les observateurs ne croient pas que cette idée soit validée par l'Etat.

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Une règle aujourd'hui non contraignante

En revanche une autre piste paraît plus susceptible de séduire l'exécutif. il s'agirait d'inscrire dans la loi le fameux taux d'endettement maximal de 33%. Une règle "tacite" dont on parle beaucoup mais qui en réalité n'est aujourd'hui absolument pas contraignante. Ainsi, selon les données du courtier Vousfinancer, le taux d'endettement des ménages à qui les banques prêtent de l'argent peut aller de 25% à 45%, voire même à 50% dans certains cas.

Mais plafonner le taux d'endettement ressemble à une "fausse bonne idée". Déjà, si effectivement les taux d'endettement des emprunteurs vont globalement de 25% à 45%, la moyenne de cet endettement est d'à peine 30% au dernier pointage.

Le reste à vivre plus judicieux

Ensuite ce qu'il faut regarder ce n'est pas tellement le taux d'endettement mais plutôt le reste à vivre. Combien reste-il aux emprunteurs pour vivre un fois réglées les mensualités de crédit? Et là-dessus, les banques prennent déjà de sacrés précautions. C'est d'ailleurs pour ça que pour les ménages les plus modestes, les taux d'endettement liés à des crédits immobiliers sont généralement relativement bas, alors que pour les profils les plus aisés on dépasse allégrement les fameux 33%.

Le courtier Vousfinancer nous donne ainsi quelques exemples concrets :

Exemple d'un emprunteur modeste : un célibataire gagnant 1.500 euros par mois, sans apport, sans épargne. Il a obtenu un crédit de sorte qu'il lui reste encore plus de 1000 euros par mois en "reste à vivre". On est ainsi sur un taux d'endettement de "seulement" 27%.

Exemple d'un emprunteur nettement plus aisé : un célibataire gagnant 7.000 euros par mois. Il est déjà propriétaire de sa résidence principale avec des mensualités lui coûtant 1.500 euros. Il a obtenu un nouveau crédit pour une résidence secondaire. Et malgré ces nouvelles mensualités de remboursement, il lui reste encore en reste à vivre de plus de 4.200 euros par mois. Ce qui paraît largement suffisant, alors que son taux d'endettement frôle désormais les 40%.

On voit donc bien au regard de ces exemples que c'est le reste à vivre qui compte davantage que le taux d'endettement. La loi impose déjà un reste à vivre minimal mais ce niveau reste relativement faible (autour de 800 euros quelle que soit la composition familiale). Ce serait donc sans doute plus judicieux de revoir ce point-là.

Marie Coeurderoy édité par J.L.D.