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Malgré la baisse des taux, les salariés en CDD ont toujours autant de mal à emprunter

Les profils en CDD séduisent moins les banques

Les profils en CDD séduisent moins les banques - Philippe Huguen - AFP

Les taux immobiliers ont atteint des niveaux records. Pour autant, les banques rechignent toujours à prêter à des salariés qui ne sont pas en CDI.

L'adage ne devrait plus être "on ne prête qu'aux riches", mais plutôt "on ne prête qu'aux profils stables". Depuis le mois de mai, les Français n'ont jamais emprunté à si bon marché pour un crédit immobilier. Chez Vousfinancer, les taux de crédit atteignent en moyenne 1,25 % sur 15 ans, 1,45 % sur 20 ans et 1,65 % sur 25 ans. Mais pour les meilleurs profils, les taux peuvent être de 0,3 % sur 7 ans, 0,5 % sur 10 ans, 0,6% sur 15 ans, 0,8 % sur 20 ans et 1,1 % sur 25 ans. Pour autant, certains Français sont toujours exclus du crédit.

Dans une étude publiée ce mardi, le courtier constate en effet qu'à peine 1,3% des emprunteurs sont en CDD en 2019, contre 86% en CDI. Un chiffre qui a baissé par rapport à l'an dernier. En 2018, ils étaient 1,7%. Et lors d'un emprunt à deux, si les personnes sont en CDD, ce ratio tombe même à 0,3%.

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Pourtant, en France, le recours aux CDD a augmenté ces 25 dernières années, passant de 76% des nouvelles embauches en 1993 à 87% en 2017, selon les chiffres de la Dares (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques). Mais ce qui bloque les banques, c'est que 83% des contrats des CDD sont signés sur des durées inférieures à un mois (contre 57 % en 1998), et seuls 20% des CDD deviennent des CDI au bout d’un an contre près de la moitié des contrats à durée déterminée en 1982, d'après une étude de France Stratégie diffusée en 2016.

Certes, Vousfinancer précise bien que "si la grande majorité des nouvelles embauches se fait en CDD, 88% des employés en France sont en réalité en CDI et 12% en CDD". Mais les écarts restent tout de même considérables entre la part des salariés en CDD dans la population active et celle qui est la leur parmi les emprunteurs.

"Les banques ont besoin de visibilité"

Parmi les autres catégories minoritaires chez les emprunteurs, se trouvent aussi les TNS (travailleurs non-salariés, auto-entrepreneurs, chef d’entreprise, artisans commerçants et professions libérales) mieux représentés que les CDD, mais également en repli cette année : 5,1% des emprunteurs sont des indépendants contre 6 % en 2018, alors que les retraités, eux, progressent (3,3% des emprunteurs, contre 2% en 2018).

"Dans un contexte où les durées moyennes de prêt ne cessent de s’allonger, les banques ont besoin d’avoir une visibilité sur la pérennité des revenus qui permettront à l’emprunteur de rembourser sa mensualité, c’est ce qui fait qu’en France le taux de défaut sur les crédits immobilier à 0,1 % est l’un des plus faibles d’Europe", analyse Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer. "Conséquence : malgré l’allongement des durées de prêts, l’âge moyen du premier achat immobilier ne fait qu’augmenter. Il est actuellement de 33 ans, contre 32 ans en 2016… alors que l’entrée sur le marché du travail intervient à 22 ans et demi en moyenne ! On voit donc bien qu’aujourd’hui la situation du marché de l’emploi est le frein majeur à l’accès à la propriété des jeunes actifs".

Diane Lacaze