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Perte du triple A : Un crédit plus cher, mais de combien ?

Les avis divergent sur l'ampleur de la hausse attendue

Les avis divergent sur l'ampleur de la hausse attendue - dr

S’il ne fait pas de doute que la dégradation de la note de la dette de la France aura des répercussions sur le coût de l’emprunt, les avis divergent quant à l’ampleur et le calendrier de la hausse des taux.

« Un Etat qui emprunte plus cher, cela signifie des banques qui se financent également à des taux plus élevés et donc, par effet domino, des taux proposés aux particuliers également plus élevés ». Maël Bernier, porte-parole du courtier Empruntis.com, résume en quelques mots le mécanisme de hausse des taux d’intérêt immobiliers. « Concrètement, cela signifie que l’Etat Français, qui emprunte aujourd’hui à des taux autour de 3 %, pourrait se voir proposer des taux de 3,50/4,00 % en raison de son déclassement ». Soit une hausse de 50 points de base, qui ne devrait pas tarder à se répercuter dans les taux des crédits accordés par les banques. « D’ici quelques mois, fin juin au maximum », selon elle. Un emprunt sur une durée de vingt ans, assorti aujourd’hui d’un taux de 4,20 % en moyenne, serait donc proposé à 4,70 % d’ici la fin du semestre.

Deux inconnues de taille

Plus prudent, Meilleurtaux.com, estime pour sa part que la perte du triple A n’aura pas d’« effet immédiat sur le niveau des taux des crédits immobiliers ». Le courtier, concurrent d’Empruntis, fait notamment valoir que les banques ont déjà largement eu le temps d’anticiper la décision de Standard & Poor’s, et ne l’ont pas attendue pour commencer à reconstituer leurs marges. Il constate en outre que l’OAT 10 ans, le taux d’emprunt d’Etat à long terme, est restée quasiment stable depuis l’annonce de la dégradation : de 3,03 % le 13 janvier (avant l’annonce de la décision de S&P), elle n’est montée qu’à 3,10 % le 16 janvier. Sandrine Allonier, responsable des études statistiques de Meilleurtaux, estime qu’« il est très difficile de prévoir ce qui va se passer dans les prochains mois, même dans les prochaines semaines. Mais pour le moment, il semble que la remontée des taux aux particuliers sera graduelle et modérée ».

Avec une inconnue, cependant. Outre l’ampleur de la remontée de l’OAT (que certaines banques pourraient décider de ne pas répercuter totalement dans leurs barèmes), le courtier s’interroge sur les conséquences d’une dégradation de la note de la dette de la France par Moody’s, l’autre grande agence de notation financière. Selon Marc Touati, responsable de la recherche économique d’Assya Compagnie Financière, tout dépendra(it) de l’ampleur d’un éventuel geste de Moody’s. « Une baisse d’un cran ne changerait pas la donne, estime-t-il. Une dégradation plus importante en revanche, pourrait avoir des effets très nets et rapides… ». Mais selon l’économiste, le véritable enjeu est ailleurs. Dans un entretien à LaVieImmo.com, il estimait récemment qu’il n’y avait rien à craindre sur le front des taux jusqu’au résultat de l’élection présidentielle. « Si le candidat qui remporte le scrutin ne met pas rapidement en œuvre une politique de réduction des dépenses publiques et se contente d’augmenter les impôts, alors les agences ne tarderont pas à réagir. Et dans ce cas, il faudra payer la facture », avait-il indiqué. Selon lui, une dégradation après l’élection présidentielle pourrait, selon son ampleur et la réaction des banques, tirer les taux d’intérêts immobiliers vers les 5,50, voire 6 %.

François Alexandre