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Pourquoi les Français ne renégocient plus leur crédit immobilier

Les taux immobiliers sont toujours très bas.

Les taux immobiliers sont toujours très bas. - Fred Tanneau - AFP

Après la période faste des années 2016-2017, la renégociation de crédit est devenue particulièrement faible en France. Décryptage.

En moins de deux ans, le marché de la renégociation de crédit s'est effondré. Alors que la part des renégociations dans les crédits à l'habitat avait grimpé à 61,6% en janvier 2017, un record, elle n'était plus que de 16,3% en juillet 2018, selon les données de la Banque de France.

Chez Vousfinancer par exemple, les renégociations de prêt ont chuté de 75% cette année. "Elles ne représentent plus que 10% de nos dossiers", précise Sandrine Allonier, directrice de la communication du courtier. Pourquoi les particuliers se détournent-ils de cette pratique? Pour une fois, ce n'est pas parce que les banques se montrent trop tatillonnes. C'est tout simplement parce que les taux sont bas... depuis trop longtemps.

"L'essentiel de ceux qui pouvaient renégocier leur crédit l'ont déjà fait ces dernières années. Il n'y a donc plus de stock", explique Sandrine Allonier. Et elle ajoute: "Seuls ceux qui ont souscrit un crédit jusqu'à début 2016 peuvent encore le renégocier. Mais peu de gens en ont conscience, et comme à l'époque les taux étaient de 2,5% en moyenne, l'enjeu est moindre que quand les taux étaient à plus de 4% comme en 2012".

Pour Vousfinancer, le tournant s'est opéré fin 2016. Chez ce courtier, la part des renégociations, qui représentait 21% des dossiers en novembre 2016, s'effondre à 3% en mai 2017, avant de remonter un peu par la suite. Sur le graphique ci-dessous, le courtier a comparé pour nous (parmi les dossiers qu'il traite), l'évolution des taux d'intérêt des crédits et celle de la part des renégociations de prêts. "On voit que les deux courbes se croisent à la fin de l'année 2016, alors même qu'en novembre 2016 les taux ont atteint leur plus bas niveau, ce qui a contribué à inciter les emprunteurs à renégocier, épuisant le stock de crédits encore négociables", analyse Sandrine Allonier.

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Quand peut-on encore renégocier ?

Certains ménages ont pourtant encore des marges de manœuvres. D'ailleurs, "en raison de la baisse des taux de ces derniers mois, la demande de renégociation repart nettement et notamment depuis le début de l'été", constate de son côté Maël Bernier, directrice de la communication du courtier Meilleurtaux. En septembre, les taux moyens chez ce courtier sont à 1,40% sur 15 ans, 161% sur 20 ans et 1,84% sur 25 ans. Des taux particulièrement compétitifs , même s'ils ont tendance à ne plus baisser ou de façon marginale.

Maël Bernier estime que pour renégocier efficacement, il faut que le "capital restant dû soit au moins égal à 70.000 euros, avec un écart de taux de 0,70 à 1 point minimum et être dans la première moitié de son prêt". Et la directrice de la communication ajoute: "Quelqu'un qui a un taux à 2,5% doit se poser la question". Et elle précise, prêchant pour sa paroisse: "Il faut aller voir un courtier. Le gain auprès de sa propre banque sera dans 99% des cas plus faible qu'en changeant d'établissement".

Actuellement, les taux sont tellement bas que "certaines banques s'interrogent sur la rentabilité des prêts accordés qui pourrait devenir négative en cas de remontée des taux de refinancement", souligne Sandrine Allonier. Néanmoins, elle prévoit que ces taux restent encore attractifs d'ici la fin de l'année. De quoi laisser encore un peu de temps aux propriétaires qui pourraient encore renégocier leur prêt à leur avantage.

Diane Lacaze