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Résiliation de l'assurance emprunteur : une pression des banques qui va coûter cher aux Français

Tribune d'Astrid Cousin, porte-parole de Magnolia.fr

Tribune d'Astrid Cousin, porte-parole de Magnolia.fr - Patrick Kovarik - AFP

Élément indispensable à toute demande de crédit immobilier, l'assurance de prêt bénéficie depuis quelques années d'un cadre réglementaire censé faciliter le libre choix pour l'emprunteur. Malgré tout, les banques font de la résistance, bien décidées à conserver un marché aux marges confortables qu'elles détiennent encore à plus de 80%. Un lobbying des banques qui pourrait coûter cher aux Français…

Les tentatives répétées des gouvernements pour accroître la concurrence dans le secteur de l’assurance-emprunteur (Lois Mucref, Lagarde, Hamon, Sapin II) restent sans effet. Elles sont même contrecarrées. Récemment, les banques, via la FBF (Fédération bancaire française), ont décidé de contester juridiquement la possibilité de résiliation annuelle des assurances de prêts ouverte par la loi Sapin II de 2017 (amendement Bourquin), sous prétexte qu'elle porterait atteinte aux principes de la mutualisation et de la répartition des risques.

Un marché "piloté" par le lobbying bancaire

Rien de surprenant quand on sait que les marges des banques sur ce marché sont colossales (jusqu’à 40%) et que ce sont plus d’un milliard d’euros de primes qui pourrait changer de main dès janvier 2018. Cette action juridique va permettre aux banques de gagner du temps afin de peaufiner leur stratégie de contre-attaque et de semer la confusion dans l’esprit des emprunteurs sur les règles qui régissent l’assurance-emprunteur. Une récente étude menée par Magnolia.fr révélait d’ailleurs que 67% des Français n’étaient pas au courant de la possibilité de résilier leur assurance-emprunteur à chaque date anniversaire à partir du 1er janvier 2018. Pire encore, ils étaient 42% à ne pas savoir qu’ils pouvaient résilier à tout moment au cours de la première année de souscription, dans le cadre de la loi Hamon, votée en 2014 !

Une perte de 22 milliards d’euros de pouvoir d’achat pour les Français

Le flou qui règne sur la législation dans ce marché, en grande partie alimenté par les établissements bancaires, peut avoir de lourdes conséquences sur le pouvoir d’achat des Français. Il serait dommage que les emprunteurs se voient priver de cette loi qui non seulement encouragera (enfin) la concurrence d'un marché largement dominé par les banques et qui leur permettra, quel que soit leur profil, de réaliser des économies conséquentes. En se basant sur la durée moyenne des prêts du stock actuel qui est de 12 ans et des capitaux restants, environ 115.000 euros par emprunteur, ce sont plus de 22 milliards d’euros d’économies qui pourraient être réalisés avec cette nouvelle loi, soit près de 3000 euros par assuré.

Il est peu probable que la remise en cause de cette loi n’aboutisse. Cela serait d’autant plus mal venu que cet amendement de la loi Sapin II a été largement communiqué au grand public et défendu par les associations de consommateurs. Il en va de la crédibilité des banques de revoir leurs marges et de tenir un discours transparent, dans l’intérêt de leur client. Sans quoi, elles vont subir la même insatisfaction et perte de confiance que les opérateurs de téléphonie mobile à l’arrivée de Free sur leur marché.

Par Astrid Cousin, porte-parole de Magnolia.fr

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